A l’approche des élections municipales, les esprits s’échauffent du côté d’Arles (Bouches-du-Rhône) entre partisans et adversaires d’un projet de sécession mené par le hameau camarguais Salin-de-Giraud. Celui-ci réclame depuis un siècle son indépendance vis-à-vis d’Arles, distante de 35km. « Brice Hortefeux, lorsqu’il était ministre des Collectivités territoriales, a donné un avis favorable et la ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie vient de nous confirmer son soutien dans un courrier du 23 octobre », assure Eric Jouveaux, président de l’association STOP (Salins tradition ouverture projet), chef de file de cette fronde.
Le dossier est entre les mains du préfet des Bouches-du-Rhône, Michel Sappin, qui n’a aucun délai imposé pour prendre une décision. Les partisans de la partition avancent cependant la date butoir du 9 décembre (trois mois avant les municipales).
Lors d’une réunion publique cette semaine à Arles, le maire PCF Hervé Schiavetti, le président du conseil régional de Paca Michel Vauzelle (PS) et le président du WWW-France Daniel Richard ont affirmé leur opposition à un projet qui aboutirait selon eux à « diviser la Camargue ».
Depuis 1904, date de leur première demande de sécession, le hameau a réclamé à 6 reprises son indépendance. En 2002, les habitants se sont prononcés pour la sécession par référendum. Un résultat confirmé en 2003. Une enquête publique menée en 2005 a reçu l’aval du commissaire enquêteur. « Les conditions nécessaires sont satisfaites, nous ne comprendrions pas que l’on nous refuse le droit de nous administrer. Ce serait un drame pour les Saliniers et notre réaction serait violente: nous éliminerions toute administration de notre territoire », menace Eric Jouveaux.
Le conseil municipal d’Arles a voté un avis défavorable au projet en avril, tout comme le conseil général à majorité socialiste des Bouches-du-Rhône. A l’époque des regroupements de communes, juge Hervé Schiavetti, la démarche des Saliniers « va à contresens de l’Histoire ». Il y voit « une astuce de l’UMP pour jeter le trouble » ainsi que « des volontés spéculatives » qui ont fait monter WWF au créneau.
L’ONG environnementale assure qu’un projet de marina de 900ha est envisagé sur l’unique site de reproduction des flamants roses en France, et qu’un projet de pont est à l’étude, à la place de l’antique bac du Barcarin traversant le Rhône.
« Ce qui est grave, juge Pierre Chasserey de WWF, c’est de confier le développement d’un tourisme intensif à une commune de 2.000 habitants, dont 64% du territoire (15.000 ha) appartiendrait à un seul propriétaire, une entreprise », Les Salins du midi.
Eric Jouveaux, de STOP, assure au contraire que les lois « Littoral » et « Natura 2000 » empêcheront tout bétonnage.
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