Les entreprises privées de travaux d’infrastructures ferroviaires adhérentes du Serce (1) souffrent depuis quelques années d’un manque de visibilité sur la politique de maintenance du réseau ferré français.
En effet, le volume d’activité confié par la SNCF aux entreprises pour l’entretien de ses caténaires baisse d’année en année (30 millions d’euros en 2010, 43 millions en 2009, 53 millions en 2008) alors que le réseau vieillit et se détériore. La profession forte de ses 600 collaborateurs a besoin d’un minimum de 100 millions pour pérenniser l’activité.
Cette politique met à mal le maintien des compétences et des emplois dans nos entreprises. L’arrivée annoncée de Sferis sur le marché nous inquiète particulièrement, car la SNCF, qui endosse déjà le rôle d’assistance à maîtrise d’ouvrage et de maître d’œuvre, deviendrait également entreprise de travaux.
Concurrence déloyale – Nous voyons là le risque d’un vrai problème de concurrence déloyale. Nous nous interrogeons sur le bien-fondé de cette création destinée, selon la SNCF, à satisfaire l’exigence de réduction des coûts exprimée par Réseau ferré de France, alors que des entreprises de travaux spécialisées et compétentes offrent déjà des prestations 20 à 25 % moins chères que celles de SNCF Infra.
Si Sferis dispose de matériels et de personnel d’encadrement de sa maison mère, serons-nous alors sur un pied d’égalité ? Nous en doutons ! Or nos entreprises ont investi dans des équipements lourds et dans la formation. Une expérience similaire Outre-Rhin a été engagée il y a quelques années : le résultat est redoutable ! Le gestionnaire d’infrastructure confie ses travaux à sa filiale, étouffant ainsi les acteurs économiques opérant sur ces travaux ferroviaires.
Exerçant un métier de niche, les caténairistes forment une profession à part dans le secteur du génie électrique. Les entreprises, sous l’égide du Serce, ont mené depuis cinq ans des actions afin de consolider la formation pour permettre le maintien des compétences et d’un niveau d’activité viable.
L’annonce de Sferis d’embaucher 95 % de ses effectifs hors statut « cheminots » fait donc courir le risque pour nos entreprises de se voir débaucher un personnel formé et compétent, sans aucun retour sur investissement !
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