Dans cet étrange entre-deux, quand le pays a un Premier ministre mais pas de gouvernement, Sébastien Lecornu n’a ouvert qu’une porte en direction des collectivités locales : un nouvel acte de décentralisation. L’avantage, avec la décentralisation, c’est que ça ne coûte pas cher. L’inconvénient, rappelle le député (Renaissance) Eric Woerth, c’est qu’aucune « loi de décentralisation n’a permis d’économiser automatiquement des dépenses ». Et surtout pas la loi « Notre », dont on célèbre les 10 ans, qui, par la grâce de fusions de régions, devait générer 15 milliards d’euros d’économies. Il n’en a rien été.
Les gouvernements suivants ont emprunté le même chemin, à coups de simplification, de rationalisation, d’efficacité… « Cela ne donne jamais rien, résume Johan Theuret, cofondateur du groupe de réflexion Le Sens du service public. Mais cela jette un discrédit sur l’action publique, comme s’il y avait un gisement d’économies dans les services publics. » Résultat, ces mots, toujours invoqués mais rarement concrétisés, sont démonétisés comme jamais. Leur fausse évidence (qui est contre la rationalisation ou la simplification ?) ne trompe plus les acteurs publics.
Mission « Etat efficace »
Ainsi, lorsque Sébastien Lecornu annonce une mission « Etat efficace », Emilie Agnoux, du Sens du service public, rétorque : « Aujourd’hui, derrière “efficacité”, nous entendons “économie”, “suppression”. Une réelle efficacité serait plutôt de répondre aux besoins. La décentralisation, normalement, vise à transférer des responsabilités, des compétences et des ressources. Là, nous allons encore jouer au Lego institutionnel. » Une fois de trop pour Emmanuel Faivre, DGS du Doubs : « C’est dingue de répéter les mêmes erreurs ! Prenons le temps de réfléchir sur le fond de ce que l’on veut pour le pays, pourquoi et comment on le fait et, surtout, faisons participer les citoyens ! » Ce serait en effet un bon début.
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