«L’envolée actuelle des marges bancaires provient à mon sens de l’absence de concurrence , estime Patrice Chatard, PDG de Finance active. En ce sens, la fusion annoncée depuis le 4 octobre 2011 de Dexia Crédit local avec la Banque Postale et la Caisse des dépôts constitue une bonne nouvelle pour les collectivités. La Banque postale dispose de la liquidité qui manquait à la Banque Franco-Belge. « Le fait de créer une nouvelle banque, semi-publique, dédiée aux collectivités, et disposant de toutes les qualités pour un accès à la liquidité dans les meilleures conditions possibles change complètement la donne », confirme un expert.
La crise de liquidité en cours paraît si grave que certaines collectivités pourraient se retrouver avant la fin de l’année en cessation de paiement. Elle provient d’un arbitrage des banques du secteur local qui s’exerce en faveur d’autres marchés, les entreprises et les particuliers, jugés plus rentables. « Les nouvelles normes bancaires conjuguées avec la défiance des marchés vis-à-vis du secteur public et des banques européennes conduisent ces dernières à rétrécir leur bilan. « Une banque dédiée aux collectivités n’aura pas cette attitude », fait remarquer un directeur financier.
Exposition à la dette grecque – Contrairement à des affirmations fantaisistes, les contrats signés avec Dexia seront repris à l’identique par la nouvelle structure. Aucun risque donc de voir la charge des emprunts s’alourdir, sauf à signer des avenants aux contrats en cours. « Les équipes commerciales de Dexia avaient à cœur de redorer le blason de la banque, terni par les emprunts structurés. Leurs successeurs pourraient se montrer plus froids vis-à-vis de ces dossiers », analyse cependant Michel Klopfer, consultant.
L’annonce de la création de ce nouvel acteur du prêt aux collectivités locales recueille donc un bon accueil auprès des acteurs du secteur public local. « Associer la liquidité d’une grande banque de dépôt au savoir-faire et à l’expérience d’une grande banque de crédit, cela fait sens », fait valoir un élu local.
Certains considèrent en revanche qu’il se pourrait que cette création ne soit pas une très bonne affaire pour le contribuable… « La crise des dettes souveraines a achevé Dexia, à la tête d’un portefeuille important d’obligations d’Etat », souligne un expert. Or on ignore son exposition précise à la dette grecque, par exemple. Il ne semble pas exclu, par conséquent, de voir l’Etat devoir renflouer de nouveau l’établissement franco-belge.