Il le dit sans ambages : son projet ne devait contenter personne. « C’est la preuve de son équilibre », assène le commissaire européen au Budget, Günther Oettinger, comme pour se rassurer, en parlant de la proposition de budget 2021-2027 présentée par la Commission le 2 mai dernier. Au moins sur ce point-là, c’est réussi.
Débattue pour la première fois au niveau ministériel le 14 mai, la copie n’a pour l’instant convaincu aucune délégation. Un camp s’est même déjà formé pour réclamer son rabotage, en visant plus ou moins clairement les Fonds structurels.
Selon les chiffres – contestés (voir encadré) – de la Commission, le projet de budget sur la table s’établit à 1,11% du revenu national brut (RNB) de l’UE. Il est légèrement en hausse par rapport à 2014-2020, et avec une part réservée à la politique de cohésion de 330,6 milliards d’euros (en prix constants, sans tenir compte de l’inflation).
Soit, d’après les calculs de l’exécutif européen, une baisse de 7% pour les Fonds structurels par rapport à la précédente période.
Un budget trop élevé pour les uns…
Parlement européen et Comité des Régions appellent d’ores et déjà à relever l’ambition à 1,3% du RNB de l’UE, ce qui permettrait de regonfler les enveloppes des politiques traditionnelles – PAC et Cohésion. Mais au sein du Conseil européen, les Pays-Bas, la Finlande, le Danemark, la Suède et l’Autriche ont déjà attaqué ce qui leur semble un niveau de dépense « inconsidéré ».
« Une Union plus petite [en raison du Brexit, ndlr] a besoin d’un budget plus petit », ont d’abord dégainé les Pays-Bas lors du Conseil des ministres du 14 mai. Laissant peu de doutes sur les politiques qui pourraient en faire les frais : politique de cohésion et politique agricole commune (PAC) qui doivent être réformées « de manière plus ambitieuse ».
« Puisque les budgets de la migration, la sécurité, la recherche sont revus à la hausse, il va falloir diminuer les Fonds structurels et l’agriculture », a embrayé Copenhague. Tandis que la Suède déplorait ouvertement que les redéploiements proposés dans les politiques traditionnelles « n’aillent pas plus loin ».
… Mais trop peu ambitieux pour les autres
Les autres laisseront-ils faire ? A l’heure où la température est plus aux prises de position qu’à la négociation, la Pologne, l’Estonie, le Portugal, la Slovénie, la Grèce, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie, la Roumanie et Malte ont clairement dit
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