« Une bibliothèque qui est fermée tous les week-ends et qui est fermée après 18 heures, c’est une bibliothèque où un jeune, un lycéen, un étudiant ne peut pas aller. C’est une vraie inégalité parce que c’est le plus modeste qui en a besoin », a plaidé l’ex-ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle, lors d’une intervention sur France Culture le 27 janvier 2017.
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« Toutes les bibliothèques de France »
Le président du mouvement « En marche » promet donc de faire en sorte que « toutes les bibliothèques de France » soient ouvertes « en soirée, le week-end ». Mais sans préciser ses intentions quant aux mesures qu’il entendrait prendre pour inciter « toutes » les collectivités parvenir à de telles plages d’ouverture.
Le projet d’Emmanuel Macron a suscité les sarcasmes de Jean-Luc Mélanchon, le candidat de la France insoumise. Lors de son meeting à Lyon, le 5 février, le député européen a rappelé à son concurrent que « le dimanche, il y a des bibliothécaires dans les bibliothèques, et que s’il n’y a pas de bibliothécaires, il n’y a pas de bibliothèques. »
Un raccourci, qui, en fait, pointe la dimension « RH » de la problématique des horaires : trouver suffisamment des professionnels volontaires pour travailler selon les contreparties proposées par la collectivité. Faute de quoi il s’agirait d’ouvrir l’équipement sans véritable offre de service.
En tout état de cause, pour le fondateur du Parti de gauche, ouvrir ce débat, « c’est juste pour aller faire bosser les gens le dimanche ». Et de souligner que les bibliothèques sont déjà ouvertes le samedi…
Bibliothèque des Champs libres, à Rennes, Cycle « A vous de jouer », janvier 2014, CC BY SA 2.0
Démarche de longue haleine
Force est de constater qu’à ce stade, le débat sur l’élargissement des horaires manque de recul. Sachant qu’ouvrir plus une bibliothèque est une démarche de longue haleine, qui nécessite étude préalable des besoins de la population, une évaluation financière, un processus de négociations sur les contreparties, et un management permettant d’impliquer les agents dans un projet de service. Difficile, donc, d’imaginer une généralisation de l’ouverture le soir et le weekend, sauf à ce que les collectivités disposent de très confortables moyens financiers.
« Ubérisation » ?
Le récent réveil des tensions latentes au sein des bibliothèques parisiennes qui ouvrent le dimanche illustre toute la difficulté du sujet. Comme le relatent nos confrères d’Actualitté, le recours aux étudiants vacataires pour ouvrir certaines bibliothèques parisiennes le dimanche hérisse nombre de professionnels, qui y voient « un “mouvement d’uberisation généralisé” dans les bibliothèques, et ailleurs dans les établissements publics », selon les termes d’un bibliothécaire parisien.
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