Lassé d’attendre. Pierre Cohen a finalement diffusé son rapport sur les festivals sans avoir pu le remettre à la ministre de la Culture, Audrey Azoulay. « Depuis deux mois, le rapport est à la disposition de la nouvelle Ministre Audrey Azoulay. A ce jour, je n’ai pas encore de réponse de son cabinet. Je le regrette, mais je souhaite tout de même aujourd’hui faire un retour aux acteurs qui ont accepté de participer à cette mission et qui ont contribué à cette réflexion collective », indiquait-il le 22 juin en envoyant son rapport à quelques médias dont La Gazette.
Le rapport de l’ancien maire (PS) de Toulouse constate que les festivals sont des « OCNI » (objets culturels non identifiés) que tout le monde connaît, mais que personne n’arrive à définir :
Si le foisonnement, la diversité des formes festivalières et des relations avec les lieux font échec aux volontés de définition uniformisée, force est de constater que cette absence de définition n’est pas un frein, bien au contraire, à la vitalité et au développement des festivals.
Un foisonnement qui a grandi au rythme des décentralisations et du renforcement des collectivités locales, tant ces moments festifs et collectifs représentent pour les territoires un rayonnement à enjeux multiples : économique et culturel, mais aussi citoyen et de lien social.
Commandé l’été dernier, à un moment où la baisse annoncée des dotations faisait planer de sombres orages sur les festivals, le rapport constate qu’il y a plus de créations que de disparitions, et que les seules subventions n’en sont pas le facteur principal.
Préconisations
« Les festivals sont plus que jamais des dispositifs essentiels des politiques publiques et appellent un travail collectif de coconstruction qui permette de renforcer leur légitimité », assure le rapport Cohen qui préconise notamment « une meilleure observation et une contractualisation plus large, visant à la pérennisation des festivals ».
Pour cela, il conseille la mise en place d’une méthode commune d’observation et évaluation, pour laquelle il est important « d’entendre le désir des acteurs d’être associés » (en gras dans le rapport). Il écarte clairement l’intérêt de créer un label et recommande une méthode de coopération plus approfondie.
Après de nombreuses auditions et entretiens, l’ancien maire de Toulouse préconise que l’intervention de l’Etat se décline en quatre modalités :
- l’accompagnement des acteurs dans un ajustement de la reconnaissance,
- un soutien financier ciblé, avec des conventions pluriannuelles et pluripartites pour sécuriser les festivals
- l’apport de l’expertise juridique pour favoriser l’équité (une réponse est attendue concernant les difficultés qu’entraine la nouvelle réglementation sur les stagiaires, par exemple),
- une coordination des enjeux au sein des différentes instances de l’Etat.
Une place dans la CTAP
« La coordination au sein des instances du ministère de la culture, aurait besoin d’être structurée », souligne le rapport, qui pointe les entrées disciplinaires et professionnelles à la direction générale de la création artistique (DGCA) ou la collaboration nécessaire avec la direction générale des médias et de l’industrie culturelle (DGMIC).
En revanche, le rapport note également que dans les Conférences territoriales de l’action publique (CTAP) l’Etat n’est plus « qu’un éventuel invité en fonction de la volonté du président », alors que cette instance prévoit l’installation d’une commission culture et l’inscription une fois par an à l’ordre du jour.
Par ailleurs, le rapport souligne que le fonds d’urgence mis en place à la suite des attentats de novembre, confié au Centre national des variétés, ne concerne que les entreprises de spectacle vivant privé et les entreprises subventionnées entrant dans le champ de la taxe sur les spectacles.
Si bien que les festivals se situant en dehors du périmètre de la taxe sont exclus du fonds d’urgence, alors qu’il est largement abondé par l’Etat. Or le centre national des variétés lui même « a observé que pour les festivals, l’augmentation des coûts de technique et de sécurité est plus forte que l’augmentation des coûts artistiques. »
Autant de questions qui méritent encore que le ministère réfléchisse à des réponses.
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