« Oublié » par la réforme territoriale de l’Etat qui lui conserve son rectorat mais ne lui accorde aucune direction régionale, Reims veut exister en tant que 12e ville de France et devenir la « porte d’entrée est du Grand Paris et la porte d’entrée ouest du Grand Est », dixit la présidente (LR) de Reims Métropole. « Le statut de communauté urbaine est le seul qui permettra à notre agglomération d’être entendue, poursuit Catherine Vautrin. Nous siégerons par exemple au contrat de plan Etat-Région. »
La députée marnaise est cependant consciente que pour gérer cet assemblage de 144 communes il sera nécessaire « d’inventer » un nouveau mode de fonctionnement. « Je souhaite créer des pôles de proximité où les agents administratifs seront en prise directe avec les citoyens, pour ne pas tout gérer depuis Reims. »
Un « électrochoc »
Le Grand Reims ne coulait pourtant pas de source. Il revient même de loin. Un retournement de situation totalement inattendu s’est produit fin 2015 dans la Marne. Alors que ses deux villes les plus importantes — Châlons-en-Champagne, la préfecture, et Reims, la sous-préfecture — s’étaient entendues sur la création d’une grande intercommunalité unissant leurs territoires, les élus du bassin de vie rémois ont subitement fait volte-face. « La carte départementale présentée par le préfet a créé un véritable électrochoc », soutient la présidente de Reims Métropole.
Le projet de schéma départemental de coopération intercommunale abondait pourtant dans le sens des responsables politiques locaux. Trois députés LR de la Marne — Catherine Vautrin, Arnaud Robinet, maire de Reims, et Benoist Apparu, maire de Châlons — n’avaient-ils pas déposé un amendement commun en mars 2015 à l’Assemblée nationale pour demander au gouvernement la création d’une grande métropole réunissant les EPCI de Reims, de Châlons et d’Epernay ?
Deuxième pôle régional
Selon la présidente de Reims Métropole, la carte du préfet présentait un défaut rédhibitoire : ne pas intégrer le complexe scientifique et industriel de Pomacle-Bazancourt, ni la vaste zone commerciale de Thillois, situés tous deux dans des communautés de communes voisines et présentant un intérêt économique majeur pour l’agglomération rémoise. Les élus ruraux, jusqu’alors extrêmement réticents à se faire « absorber » par la grande ville, semblent alors avoir pris conscience de l’incohérence de cette carte, à l’instar du sénateur Yves Détraigne (UDI), maire de Witry-lès-Reims.
D’où finalement ce Grand Reims concentrique voté par les conseils municipaux et communautaires concernés regroupera 9 communautés de communes ou d’agglomération, pour un total d’environ 293 000 habitants. Ce qui en fera la deuxième puissance démographique du Grand Est derrière l’Eurométropole de Strasbourg et ses 483 000 âmes. Manière de faire contrepoids dans une région suspectée de pencher côté alsacien. « Cet échelon de proximité sera un relais et un moyen de peser dans une grande région qui semble plus lointaine à la population », insiste Catherine Vautrin.
Quant au rapprochement avec Châlons-en-Champagne, il est tout simplement « mis en sommeil », même si toute idée de « collaboration » n’est pas écartée.
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