Plus de 5 000 projets déposés sur la plate-forme Madame la Maire j’ai une idée, 40 000 votants : pour sa seconde année, le budget participatif de la Ville de Paris a déjà reçu un succès certain. A partir de ce jeudi 10 septembre 2015, les citoyens pourront voter pour la seconde étape parmi les 77 projets parisiens et les 557 projets d’arrondissements présélectionnés qu’ils veulent inscrire au budget 2016.
Le grand nombre de projets présentés cache des disparités. D’abord dans la capacité à attirer l’attention. Ainsi, plus des trois quarts des projets ont obtenu moins de cinq votes, et plus d’un dixième n’a même pas réussi à avoir un vote. Ces chiffres sont-ils dus uniquement au peu d’intérêt des projets ? Au manque d’effort de leur porteur pour les « vendre » ? Ou reflètent-ils le faible cercle social de leur porteur et/ou son incapacité à attirer des votes en s’appuyant entre autres sur les outils numériques ? Les personnes déjà bien actives sur Facebook et Twitter, dotées d’un cercle de connaissances familières de ces réseaux sociaux, partent avec un avantage certain : un clic et l’idée est diffusée auprès de plusieurs centaines de personnes, parmi lesquelles une partie va franchir le pas de la soutenir. On retrouve ces mêmes biais dans les opérations de crowdfunding en ligne.
1er, le 4ème et le 2ème arrondissements champions
L’engagement des Parisiens varie d’un arrondissement à l’autre. En apparence, les champions sont le 18ème, le 12ème et le 19ème, avec respectivement 241, 229 et 223 projets ; le 6ème, le 7ème et le 8ème les moins impliqués, avec 33 projets pour les 2 premiers, 34 pour ce dernier. Mais en rapportant le nombre de projets à la population de chaque arrondissement, une autre géographie se dessine. Le 1er, le 4ème et le 2ème arrondissement sont en tête, avec 317, 496 et 509 hab. par projet. En queue, le 16ème, le 7ème et le 13ème, qui comptent 2579, 1730 et 1614 hab. par projet. Le 18ème et le 19ème sont au milieu du classement, le 12ème est au cinquième rang. La carte ci-dessous affiche par défaut le ratio par arrondissement, vous pouvez afficher le nombre de projets par arrondissement en sélectionnant cette vue dans le cartouche « visible layers ».
Les catégories : cadre de vie, environnement et transport
Chaque projet, qu’il concerne un arrondissement ou l’ensemble du territoire parisien, pouvait être rattaché à une catégorie prédéfinie. En tête, loin devant, arrive le très vaste « cadre de vie », suivi par l’environnement et les transports/mobilité, au coude à coude. En revanche, le logement/habitat, l’économie/emploi et la participation citoyenne ont peu attiré. La désaffection pour la thématique logement peut paraître paradoxale puisque le prix très élevé de l’immobilier parisien est un sujet qui revient régulièrement. L’encadrement des loyers a d’ailleurs été mis en place au 1er août à Paris. La sécurité, un sujet porteur politiquement, ne figure pas dans les priorités ; de même la « smart city »ou « ville intelligente » : si les politiques en sont friands, et Paris n’y fait pas exception, il n’a pas touché les Parisiens, peut-être en raison du flou de sa définition.
On ne note pas de différence flagrante dans les thématiques privilégiées d’un arrondissement à l’autre : la majorité a effectué des propositions concernant le cadre de vie. Cliquez sur un arrondissement pour avoir le détail du nombre de projets par thème.
Quelques stakhanovistes
Les 3/4 des participants n’ont proposé qu’un projet, et les « multirécidivistes » sont rares. Le grand vainqueur, « ecarlate », en a présenté… 50, « BiodiverCité » 44, et sur la troisième marche du podium « LesvolontairesT », pour le conseil de quartier des Ternes-Maillot dans le 17ème. Le travail effectué par la mairie pour impliquer le tissu associatif et les conseils de quartier a porté ses fruits : nous avons compté près de 1 400 projets dont l’auteur est en fait une association, un collectif ou un conseil de quartier.
Pour avoir une autre vue des aspirations exprimées à travers les idées, nous avons passé tous les intitulés dans un générateur de nuage de mots. Le résultat fait ressortir des verbes d’action à connotation positive (« développer », « faciliter », « permettre », « favoriser », créer »…) et le champ lexical de l’espace public (« place », « rue », « parc », « jardin », « square », etc.). On note aussi que deux catégories précises de Parisiens sont mises en avant : « enfants » et « piétons ». Tout un programme.
Thèmes abordés
Régions