Le modèle agricole breton vacille-t-il?
Il ne faut pas juger le modèle agricole breton à la lumière des difficultés actuelles, même si elles sont problématiques en terme d’emploi et d’aménagement du territoire. Doux est un dossier d’entreprise qui traîne depuis 2005 : des investissements osés au Brésil ont entrainé des difficultés, puis la chute de l’entreprise. Marine Harvest n’est pas lié à une production agricole bretonne.
En ce qui concerne Gad, on dit dans le secteur agro-alimentaire, qu’un des neufs principaux abattoirs de la région est de trop. La question est de savoir lequel et c’est une partie de poker menteur : qui va céder le premier?
D’autre part, la production de porcs a baissé, en dix ans, de 20 à 18 millions de têtes. Il faut reprendre l’objectif de 20 millions et saturer les capacités des abattoirs, même si l’un d’entre eux doit fermer.
Ensuite, il faut assurer la transformation des produits pour créer de la valeur ajoutée. On fait le même constat dans la filière bœuf. Et quand on sait qu’en France, on importe 40% des volailles de chair, ça interpelle : il nous faut un plan de production national.
Enfin, j’aimerais aussi qu’on parle des entreprises agro-alimentaires qui créent de l’emploi. La région est intervenue en soutien pour le financement de certains projets qui conduiront a la création de 500 emplois à partir de fin 2013.
Quel rôle joue le conseil régional de Bretagne pour orienter l’agriculture bretonne ?
En juin 2011, nous avons voté une «Nouvelle alliance» au terme de 11 consultations publiques. Il s’agit de produire du volume, le plus vertueusement possible par rapport à l’environnement, et de ne pas oublier la valeur ajoutée. Le fil rouge, c’est le revenu de l’agriculteur et ce revenu est lié à la capacité de l’exploitation à être autonome, car cette autonomie réduit les coûts de production. Par exemple, il vaut mieux, pour un éleveur, qu’il produise lui-même ses céréales plutôt qu’il achète du soja sur le marché mondial.
Nous apportons des financements sur la méthanisation qui participe à l’autonomie énergétique. L’aide à la fabrication des aliments animaux à la ferme a du succès auprès des éleveurs de porcs qui ont évalué les économies que cette méthode leur permet.
En élevage laitier, on subventionne le matériel, on incite à utiliser davantage l’herbe. Demain, nous ferons le point sur les aides pour équiper les tanks à lait d’un système de pré-refroidissement : 1000 agriculteurs sont concernés par ce dispositif d’économie d’énergie.
On aide aussi les coopératives d’utilisation de matériel agricole ou les entreprise de travaux agricoles pour mutualiser les investissements sur les gros matériels.
A la fin du mois de juin, nous voterons un texte sur «l’agriculture écologiquement performante» (AEP) qui reprend ces principes d’autonomie. A l’automne, nous publierons un appel a projets aux agriculteurs pour qu’ils se regroupent et proposent des plans d’évolution vers l’autonomie à l’échelle d’un territoire. Cette AEP se distingue de «l’agriculture écologiquement intensive» (AEI) promue par la FNSEA, par son approche plus systémique du principe d’autonomie.
Les élus bretons se concertent-ils sur la politique agricole ?
Régulièrement, nous réunissons ce que nous appelons le «B5 agriculture» avec les quatre conseils généraux ; par exemple, nous finançons tous le dispositif sur les tanks à lait. Nous sommes en relation avec les parlementaires qui travaillent sur le projet de loi pour l’agriculture du ministre Stéphane Le Foll. Mais nous n’avons pas de liens avec les intercos, par exemple ; ni les élus de Landivisiau, ni ceux de Loudéac ne m’ont interpellé.
Enfin, avec les parlementaires et le conseil général des Côtes-d’Armor, la région soutient un courrier au Président de la République que prépare le président de la Cooperl au sujet de la réglementation européenne sur les bâtiments d’élevage, de la tracabilité totale des produits transformés et des distorsions de concurrences par rapport au coût du travail dans les élevages, notamment en Allemagne où on emploie de la main-d’œuvre polonaise ou roumaine.
Thèmes abordés
Régions