« Ecouter, rassurer, échanger » : c’est dans cet esprit que l’Agence métropolitaine des déchets ménagers (Syctom, 84 communes, 5,5 millions d’habitants) a ouvert, le 1er février 2012 à Romainville (Seine-Saint-Denis), une réunion publique sur son projet de centre de méthanisation, dont la mise en service est programmée pour 2015. Le syndicat, en charge du traitement des déchets de l’agglomération parisienne, s’efforce en effet de désamorcer les critiques et d’apaiser les inquiétudes de certains riverains sur la sécurité et les nuisances. Deux volets sur lesquels le Syctom se montre intransigeant, dans l’intérêt des employés du site comme de ses voisins, affirme son président (PS), François Dagnaud, qui évoque des « fondamentaux non négociables. » L’élu, par ailleurs adjoint au maire de Paris en charge des déchets, présente les opposants au projet comme une poignée de détracteurs financés par des patrons de PME locales, « qui dénigrent sans démontrer ni proposer d’alternative. » C’est avec les élus et les habitants qu’il s’agit de nouer « une relation de confiance. »
Une solution « clean » – Pour le porteur du projet, « la méthanisation, c’est clean ! » L’Agence métropolitaine assure avoir reçu de son partenaire industriel, Urbaser, toutes les garanties en matière d’exigences environnementales et de respect de l’enveloppe budgétaire (240 millions d’euros). La future unité, qui traitera 350 000 tonnes de déchets ménagers issus de 22 communes de Seine-Saint-Denis et du 19e arrondissement parisien (900 000 hab.), est appelée à remplacer un centre de transfert presque trentenaire et obsolète, par ailleurs obstacle aux projets de rénovation urbaine. Le statu quo est inenvisageable, plaide François Dagnaud : la méthanisation, qui valorise les ordures ménagères aux plans énergétique (production de biogaz) et organique (production de compost), améliorera le bilan environnemental du traitement des déchets tout en respectant le principe de proximité. Les déchets aujourd’hui réceptionnés sur le centre de transfert sont orientés à 60 % vers l’enfouissement et à 40 % vers l’incinération, hors du département.
Cinq engagements – Au cours de la réunion publique, organisée sous l’égide de la communauté d’agglomération Est Ensemble (9 communes, 400 000 hab.), le Syctom a annoncé le lancement d’un nouvel audit sur la sécurité du process et la maîtrise des nuisances olfactives, qu’il copilotera avec l’intercommunalité. Admettant que la concertation était « une dimension qui avait péché jusqu’à présent », l’Agence métropolitaine des déchets installera à Romainville des « ateliers urbains et environnementaux », ouverts aux élus, associations et habitants. « Il s’agit d’aborder les problématiques plus larges de la gestion des déchets en zone urbaine dense, de la place d’un site de traitement dans une métropole durable », détaille François Dagnaud. Une charte de qualité environnementale, conclue avec les deux communes d’accueil (Romainville et Bobigny) formalisera les engagements issus de ces ateliers, dont l’application sera suivie par des « sentinelles » recrutées parmi les habitants. Sur le site, une permanence recueillera questions et doléances et fera œuvre d’information et de pédagogie.
Enfin, le Syctom va mener une étude sur le gisement de biodéchets et la faisabilité d’une collecte séparative (dont la mise en œuvre serait du ressort des communes et groupements en charge de la collecte). A terme, la méthanisation de déchets organiques triés à la source par les habitants serait en effet un gage de qualité du compost, dont les débouchés en agriculture seraient ainsi sécurisés. Dans un premier temps, le centre réceptionnera des déchets ménagers bruts, qui feront l’objet d’un tri mécano-biologique avant méthanisation.
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