[Prix des sociétaires GMF]
Difficile d’avoir une alimentation variée et équilibrée avec de faibles ressources. Le centre communal d’action sociale (CCAS) d’Amiens (Somme, 136 265 habitants) voulait améliorer les repas des 32 000 foyers vivant sous le seuil de pauvreté avec des fruits et légumes, sans pour autant se limiter à une simple distribution alimentaire. En quelque sorte, les bénéficiaires de l’aide allaient devoir se retrousser un peu les manches…
Le principe : en contrepartie de leur participation (cueillette chez un maraîcher et distribution des paniers), ils emportent surplus de production, invendus et «légumes moches», dont l’aspect ne séduirait pas sur les étals. Le CCAS rachète ces produits délaissés à un prix, fixé avec les maraîchers, d’environ un cinquième de ce qu’ils valent en magasin. Un bénéfice pour les agriculteurs qui ne les auraient sinon pas vendus.
Le CCAS donne une part des légumes à de nombreuses associations locales. Organisées dans le cadre du plan Pouvoir d’achat de la ville, ces «récoltes solidaires» visent aussi à développer l’agriculture urbaine et à encourager les circuits courts.
En 2023, un seul maraîcher sélectionné par appel d’offres livrait tous les quinze jours à l’espace de vie sociale des paniers de 8 kg, contenant six à huit fruits et légumes différents, pour 300 foyers. Après avoir répondu à l’appel à projets «Mieux manger pour tous», le CCAS a reçu des fonds pour étendre son initiative, en ciblant les travailleurs pauvres (seuil de pauvreté + 200 euros).
Et aujourd’hui ?
Alors qu’en 2024, deux maraîchers ont fourni environ 60 tonnes de légumes, en 2025, ils seront sept, dont deux établis aucentre d’Amiens, à participer à l’opération. Avec un objectif : distribuer 116 tonnes.
« C’est un vrai succès qui conserve leur dignité aux bénévoles, se félicite le chargé de projet autonomie alimentaire, Ludovic Cornière. Ce sont souvent des personnes isolées à qui l’on permet de mieux se nourrir. Nous donnons l’équivalent de 70 euros de pouvoir d’achat par mois aux familles, qui ont de plus un mode de consommation meilleur pour la santé. Certaines personnes sont heureuses de recommencer à cuisiner ou de découvrir des légumes qu’elles ne connaissaient pas, comme le panais».
Pourtant, le CCAS a dû surmonter quelques obstacles pour mettre son projet sur pied. Sélectionner les maraîchers, qui hésitaient à faire entrer des gens sur leurs terres, s’est avéré difficile. Et, côté logistique, il a fallu acheter un conteneur maritime pour entre-poser les caisses de légumes, nombreuses avec deux récoltes par semaine.
Le CCAS a également installé dans la ville sept frigos partagés où magasins de proximité et particuliers déposent des denrées proches de la date de péremption.
Ateliers cuisine et parcours alimentaires
Outre les opérations de cueillette et de distribution de fruits et légumes, le CCAS d’Amiens propose aux participants divers ateliers sur la cuisine (diététique, «antigaspi», repas équilibrés, recettes de produits locaux, cuisine à moindre coût…) ou sur le jardinage, formés par un jardinier-encadrant à plein temps dans 8 000 m2 de jardins partagés. Objectif de ces « parcours alimentaires » : leur inculquer une approche plus globale et responsable de l’alimentation.
A propos du projet
- Lancement : 2023
- Public : personnes les plus fragiles, vivant sous le seuil de pauvreté
- Partenaires : ville d’Amiens (service actions sociales, espaces de vie sociale, service municipal de santé publique, centres sociaux), chambre d’agriculture de la Somme, une douzaine d’associations à vocation sociale (Banque alimentaire, Restos du coeur, Secours populaire…), maraîchers de proximité
- Budget : 35 000 euros (2024) — financement 50% par le CCAS, 50% par l’appel à projets «Mieux manger pour tous»
- Contact : Ludovic Cornière, chargé de projet autonomie alimentaire : l.corniere@amiens-metropole.fr
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