Département des Deux-Sèvres : des mineurs non accompagnés hébergés dans des résidences senior menacées de fermeture

[Prix GMF]

Héberger les mineurs non accompagnés dans les appartements vacants de résidences senior et éviter ainsi leur fermeture… «Cette initiative inédite est née d’un double constat, explique la présidente du département des Deux-Sèvres, Coralie Dénoues. À la fois, l’arrivée de mineurs non accompagnés à protéger qui ne pouvaient pas être hébergés faute de place. Et le fait que des résidences senior, construites notamment en milieu rural après le Covid, n’arrivaient pas à pérenniser leur modèle et risquaient de fermer».

Certains appartements étaient vacants depuis un an. Élevée à la campagne, où les grands-parents vivaient avec leurs enfants et petits-enfants, l’élue s’est inspirée de son expérience pour créer un projet intergénérationnel.

Avant d’être présenté à la population en réunion publique, il a suivi un processus de concertation de plusieurs mois avec le maire, les élus du conseil municipal, les résidents et leurs familles. Et, en janvier 2024, quinze jeunes de 15 à 17 ans sont allés vivre dans une résidence autonomie aux côtés de neuf résidents âgés de 84 à 94 ans.

Et aujourd’hui ?

Début 2025, trois résidences associatives situées à Siecq (Charente-Maritime, 217 habitants) et Couture-d’Argenson (Deux-Sèvres, 410 habitants) participent à la démarche. Les moyens humains et matériels de l’association, mutualisés, sont complétés par un financement du département. Il a fallu l’enthousiasme de Coralie Dénoues pour convaincre, tant les familles que les élus des deux communes, de la pertinence de l’initiative.

«C’est une vraie réussite, au-delà des espérances, se réjouit-elle. Avec, en particulier, un impact positif sur le recrutement du personnel des résidences. Des liens affectifs se sont créés entre les résidents et les jeunes, qui se sont rapidement intégrés. À Siecq, en seulement quelques mois, tous ont rejoint une filière professionnelle d’apprentissage».

À Couture-d’Argenson, le projet a eu un effet inattendu : avec l’arrivée des jeunes, le village a pu conserver son équipe de foot ! Quant aux maisons de retraite, elles reçoivent de nombreuses demandes de personnes âgées, au point de gérer des listes d’attente. Monter ce projet a demandé beaucoup de temps sur une durée assez courte, d’environ trois mois.

Mais, grâce à ce modèle, le département économise 25% par rapport aux autres modes de placement comme l’hôtel, malgré un accompagnement important : un éducateur présent en permanence, des animateurs, des gardiens de nuit mutualisés. «Je suis fière d’avoir su inspirer confiance dans ce projet, qui montre qu’on peut avoir de bonnes idées sans dépenser toujours plus. Quand il n’y a pas de contradiction permanente, on arrive à faire des choses inspirantes», conclut l’élue.