En réserve de la République, le maire de Pau en avait fait son mantra. François Bayrou avait recyclé « l’ardente obligation » gaullienne du Plan pour se poser en homme d’Etat soucieux de redonner des perspectives à la nation en matière de transition écologique, d’industrie ou d’agriculture. Vaste programme…
Nommé, en septembre 2020, à la tête d’un Haut-Commissariat au plan privé de moyens, François Bayrou a déçu. Mais, devenu Premier ministre, il ressort sa martingale. Témoin, l’intitulé du ministère de François Rebsamen.
Un parfum de DATAR
Pour la première fois depuis des lustres, l’aménagement du territoire y fait son retour. Elément sémantique qui n’a rien de neutre chez l’agrégé de lettres classiques Bayrou, le portefeuille du patron de la métropole de Dijon porte sur l’aménagement du territoire, et non sur l’aménagement des territoires.
Exit, la différenciation. L’heure, en ces temps troublés, est à l’unité. A l’instar de la délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (Datar) des années 60, François Rebsamen devra retisser les liens entre Paris, les métropoles d’équilibre et la France profonde. Un dossier qu’il maîtrise sur le bout des doigts.
Opération réconciliation
Depuis plus de quarante ans, il gravite dans le monde des collectivités et de l’Etat. François Rebsamen a été formé à la fin des années 70 au conseil régional de Bourgogne, au cabinet du futur ministre de l’Intérieur socialiste, Pierre Joxe. Conseiller général, conseiller régional, sénateur… il s’est frotté à bien des mandats. Le plus marquant, pour lui, reste celui de maire de Dijon. A la tête du palais des ducs et des Etats de Bourgogne pendant deux grosses décennies (2001-2014 et 2015-2024), il a refait le portrait de sa ville.
L’ancien ministre du Travail a aussi ses canaux au sein de l’administration d’Etat. François Rebsamen n’est donc pas le plus mal placé pour réconcilier le pays avec lui-même. Mais aura-t-il du temps pour mener à bien cette tâche ? Il est permis d’en douter.
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