Michel Barnier a beau avoir déserté les arènes locales depuis des lustres, il a gardé ses réflexes d’ancien président de conseil général.
Pour preuve, sa prestation, le 15 novembre, lors des assises des départements, à Angers. Loin des discours condescendants des représentants de la Macronie, l’ancien patron de la Savoie a opté pour un style tout en rondeur.
Au fil de son allocution fleuve, il a su faire amende honorable. L’Etat, a-t-il reconnu, a bien trop chargé la barque lors de l’élaboration du projet de loi de finances. Les conseils départementaux ne pouvaient absorber, seuls, 2,2 milliards de l’effort demandé, soit 44 % de la contribution totale des collectivités.
Face à l’irrésistible progression de leurs dépenses sociales et à la baisse historique de leurs recettes de droits de mutation à titre onéreux (DMTO, -6 milliards sur ces trois dernières années), Michel Barnier a ouvert son portefeuille.
Fine mouche
Au menu : une baisse « très significative » de la contribution des départements au fonds de réserve. Fine mouche, le Premier ministre s’est cependant gardé de donner le moindre chiffre.
Mais, comme il s’est engagé à annuler, aussi, la rétroactivité de la baisse de 2 points du taux du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée, il a su rallier les présidents de département, qui l’ont applaudi chaleureusement à l’issue de son discours.
Les édiles auraient également bien voulu que le Premier ministre leur attribue une hausse de 1 point du plafond du taux des DMTO dès l’année prochaine. Michel Barnier ne leur a accordé que 0,5 point sur trois ans.
Verre à moitié plein
Mais les élus préfèrent voir le verre à moitié plein. En ces temps de disette budgétaire, tout est bon à prendre.
Reste, cependant, une vraie question de politique générale : le Premier ministre n’a-t-il pas sacrifié le secteur du logement sur l’autel de son rabibochage avec les présidents de département ?
La hausse annoncée des DMTO, les fameux droits de notaire dans le langage courant, risque en effet de pénaliser un secteur qui repart très lentement, toujours plombé par des taux d’intérêt élevés.
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