Alors qu’une quarantaine d’associations et de syndicats protestent contre l’interdiction de soins funéraires aux personnes décédées atteintes du VIH, l’Union du pôle funéraire public prône la vigilance. « Nous demandons au ministère de la santé de maintenir pour l’instant l’arrêté du 20 juillet 1998 car nous ne voulons pas exposer les thanatopracteurs au risque de contamination », déclare sa présidente Corinne Loiodice.
Le texte, qui, malgré les pressions associatives, a été confirmé le 27 novembre 2009 par le Haut conseil à la santé publique, interdit explicitement la pratique des soins de conservation sur le corps des personnes décédées d’infection VIH, d’hépatite virale, ou encore de maladie de Creutzfeld-Jacob.
Alternative à la thanatopraxie – Se voulant vigilante, l’UPFP rappelle que l’arrêté en question n’interdit pas de procéder aux soins de présentation du corps (toilette mortuaire, habillage, maquillage…etc), ni à la thanatoplastie (restauration faciale).
« L’interdiction ne vise que les soins de conservation qui sont susceptibles de mettre le thanatopracteur avec les différents effluents dont le sang », souligne Corinne Loiodice qui rappelle que « ces soins peuvent avoir lieu au domicile du défunt, dans des conditions d’hygiène et de protection qui ne sont pas forcément optimales ».
Néanmoins, les contraintes liées au délai de transport avant mise en bière ont été en partie levées depuis le décret du 28 janvier 2011 qui porte à 48 heures ce délai, observe-t-elle.
Au demeurant, précise Corinne Loidoice, il existe d’autres moyens de conserver les corps que la thanatopraxie, comme les tables et rampes réfrigérantes.
Cette réaction intervient alors qu’une quarantaine d’associations et de syndicats emmenés par Act up, Sidaction et les Elus contre le sida ne décolèrent pas et appellent à l’abrogation de l’arrêté de 1998. « L’interdiction des soins pour les séropos est une absurdité scientifique, une discrimination et une violence pour les mort(e)s et leur entourage » s’insurgent-elles.
Création d’un groupe de travail – A l’issue d’une réunion organisée le 10 janvier, le ministère de la santé a estimé qu’il serait « possible », sous certaines conditions, d’autoriser la pratique des soins de conservation des corps pour les personnes porteuses du VIH décédées alors que c’est pour l’instant interdit.
« Les participants à la réunion (sont convenus) qu’il était possible d’autoriser les actes de conservation invasive des corps chez des personnes décédées de certaines pathologies infectieuses, dont le VIH et les hépatites, dès lors que les conditions adéquates de pratique (…) auront été définies », a indiqué la direction générale de la santé (DGS) dans un communiqué.
Pour définir ce cadre, la DGS va mettre en place, avec le ministère de l’Intérieur, « un groupe de travail avec les professionnels, dans les meilleurs délais », a-t-elle poursuivi. Un groupe de travail auquel participera notamment les professionnels du funéraire, dont l’UPFP.
La DGS souligne « l’importance d’encadrer les pratiques invasives de soins de conservation des corps » alors que les méthodes de travail et précautions d’hygiène diffèrent beaucoup d’un lieu à l’autre et que l’existence de salles spéciales pour ces soins n’est pas généralisée.
Un peu plus tôt, les associations de lutte contre le sida mécontentes de l’attitude des autorités sanitaires avaient claqué la porte de la réunion.
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