Au-delà de l’instabilité politique et institutionnelle qui résulte des élections législatives, s’il y a bien une leçon à tirer de ce scrutin, c’est qu’un certain nombre de nos territoires sont en grande souffrance. Leurs habitants ont exprimé, à leur manière, un vote de colère qui ne peut rester sans réponse. Cela fait des années qu’au sein de l’Association des petites villes de France, nous exprimons le vœu qu’il faut changer de braquet en matière de politiques publiques et remettre la cohésion territoriale au cœur de l’action gouvernementale.
Nous ne disons pas que rien n’a été fait, ce serait injuste et inexact. Pour autant, il existe bel et bien un problème d’efficacité des politiques publiques et, surtout, de leur ressenti jusqu’au dernier kilomètre. Car, force est bien de constater qu’en dépit des discours et de la mise en œuvre de certaines politiques, les priorités nationales demeurent trop concentrées vers les métropoles. Il y a pourtant urgence en matière de logement, alors que la crise se durcit, que l’accès à la propriété diminue drastiquement, ainsi que les mises en construction. Il y a urgence à s’attaquer au logement indigne, si présent dans nombre de nos cœurs de villes, à accélérer la rénovation thermique des bâtiments et à offrir de nouveaux logements à ceux qui veulent vivre et travailler dans les petites villes.
Priorité gouvernementale
Il y a urgence pour l’hôpital public et l’offre de soins dans nos territoires. Cet été, encore, le nombre de fermetures des services d’urgence dans les petites structures a été anormalement élevé, tandis que la désertification médicale s’accroît inexorablement dans nombre de territoires ruraux et urbains.
La dégradation de notre système de soins est probablement le dossier le plus anxiogène et générateur de colère. Le nouveau gouvernement devra, là encore, prendre des mesures courageuses en matière de régulation médicale. Des propositions de lois existent, remettons-les sans tarder en discussion au Parlement sous peine que l’aggravation de la crise sanitaire nous pousse vers la catastrophe démocratique.
Enfin, la question des mobilités, et donc de l’isolement dans certains territoires pour ceux qui ne sont pas véhiculés, se pose avec acuité. Qu’il s’agisse de l’accès à l’emploi, de l’insertion professionnelle, de la santé ou du logement, de l’éducation ou de la culture, la mobilité conditionne l’efficacité des autres politiques publiques.
Voilà pourquoi nous souhaitons aussi que le développement des mobilités du quotidien devienne une priorité gouvernementale et que la mise en place des futurs services express régionaux métropolitains constitue réellement un outil de désenclavement des territoires périurbains et ruraux. Je n’ignore pas la gravité de la situation des finances publiques. Il faudra donc effectuer des choix courageux, comme nous le faisons dans nos collectivités. Des choix qui devront être effectués au nom de la solidarité et de la cohésion des territoires. Ce sont tous ces sujets que les maires des petites villes, réunis en congrès à Amboise les 19 et 20 septembre, aborderont, avec la volonté que les choses changent vraiment. Il y a, chez les maires, une intelligence non artificielle dont il serait dommage de se priver.
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