Pour les athlètes du monde entier, les Jeux olympiques ont aussi été l’occasion de découvrir la France et ses spécificités. Les réseaux sociaux en témoignent. Courant août, Ariana Ramsey, une joueuse américaine de rugby à sept, est restée bouche bée en découvrant la gratuité des soins médicaux. Epatée, elle a profité de son séjour à Paris pour bénéficier de soins dentaires et d’un check-up complet. L’anecdote devrait flatter le modèle français qui permet d’être soigné sans frais à avancer, grâce à la Sécurité sociale. Mais la clinique olympique n’est pas la France, loin de là, et l’engouement des sportifs ne saurait occulter une tout autre réalité.
Accès régulé
Car cet été encore, dans les hôpitaux, les services d’urgences ont connu un niveau de saturation désolant. Faute de personnels, de nombreux établissements ont dû réguler les accès, comme celui de Laval (Mayenne) contraint de fermer ses portes 40 nuits en juillet et août, tandis que celui de Carpentras (Vaucluse) n’ouvre désormais que le matin. Conséquence directe : une attente parfois interminable pour les patients et des brancards qui s’entassent dans les couloirs. Au CHU de Brest (Finistère), des soignants, ulcérés, ont placardé sur un « mur de la honte » les initiales des personnes âgées qui ont patienté plus de douze heures aux urgences.
Zones blanches
« Il reste, c’est vrai, des situations délicates », reconnaît le ministre démissionnaire de la Santé, Frédéric Valletoux (Horizons). Les professionnels, eux, fulminent et déplorent un « effondrement du système de santé » qui dépasse la seule période estivale et l’hôpital public. N’a-t-on pas parlé du désert pharmaceutique ou vétérinaire ces derniers mois ?
Et quid des zones blanches dans le monde rural ? Depuis de longues années, les élus locaux compensent les carences de l’Etat par des initiatives pour accueillir et faciliter l’installation des praticiens. Elles portent leurs fruits, mais demeurent insuffisantes.
Alors, quelles solutions ? Des leviers existent touchant à l’attractivité des carrières, à la refonte du parcours de soins ou à la prise en compte de tous les territoires. Mais au-delà de l’ordonnance et du traitement, c’est d’un véritable changement de braquet dont la politique de santé, tellement fragilisée, a besoin.
Si, lors des Jeux olympiques certains athlètes étrangers ont été séduits par la gratuité de l’accès aux soins en France, force est de constater que sur le territoire, les différences de traitement abondent, avec des services d’urgences saturés, contraints de fermer leurs portes, des déserts médicaux dans les zones rurales… La politique de santé doit changer, radicalement.
Thèmes abordés