Mayotte, ce morceau de France départementalisé depuis 2011, souffre de divers maux majeurs qu’il est urgent de mieux considérer. De profondes crises successives ont ralenti, sinon paralysé, le développement de l’île. Pénurie d’eau, COVID, insécurité, incivisme, santé et éducation sont les thèmes sérieusement alarmants au cœur des préoccupations des Mahorais. Et les réponses du gouvernement face à cette situation chaotique ne sont en rien à la hauteur du désastre.
« Une situation périlleuse »
Est-ce uniquement parce que ce 101ème département français se situe à 8039 km des décideurs nationaux que la situation ne déclenche pas une prise de conscience à la hauteur des évènements graves qui ponctuent le quotidien des Mahorais ? On le dit, on l’explique, on le rappelle depuis déjà de nombreuses années : l’atypisme du territoire rend difficile l’application des mesures nationales qui ne cadrent pas avec les spécificités de cette île annexée à la France pour sa situation stratégique.
Quels autres Français accepteraient de vivre dans une telle insécurité et une telle pauvreté ? Le PIB de Mayotte par habitant est quatre fois inférieur à celui du niveau national et le niveau de vie sept fois plus faible. On ne peut se contenter de laisser mourir ce territoire, véritable perle de l’océan Indien où il ferait bon vivre si les mesures urgentes de redressement pouvaient enfin être opérées.
Pour autant, le fait que le gouvernement vacille au moment de l’adoption de deux lois cruciales pour Mayotte représente un nouveau coup dur pour les 321 000 Français de l’île aux parfums. Si la devise « Courage fuyons » a été adoptée par les plus désabusés, il demeure que la majorité des acteurs économiques est mue par une vaillance majeure. A ce jour encore animés par l’espoir d’actions fortes pour relancer l’économie ravagée, les chefs d’entreprises sont déterminés à rester engagés et vigilants aux côtés des services de l’Etat.
La situation périlleuse de Mayotte réclame sans délai des mesures efficaces afin de redresser son économie, relancer sa croissance sur des bases saines et créer des emplois essentiels à la compétitivité des entreprises, à l’inclusion sociale génératrice de paix civile et au développement du territoire.
A l’issue d’une large concertation avec les acteurs économiques, la mairie de Mamoudzou et le Département de Mayotte prescrivent un dispositif complet composé de trois propositions qui pourraient sortir de l’eau notre territoire.
« Une zone franche globale comme solution »
La solution consiste en la catégorisation de tout le département de Mayotte en zone franche globale, soit, le zonage réservé aux territoires sensibles et défavorisés.
Nous chefs d’entreprise préconisons qu’elle prenne la forme d’un couplage d’une zone franche générale avec une zone franche sociale exemptant les entreprises de tout impôts, taxes et cotisations sociales patronales pendant une durée de cinq ans à minima. Mesure à jumeler avec :
- la prorogation du Crédit Impôt Compétitivité avec un taux porté à 14%
- l’alignement du SMIC local sur la référence nationale.
Seule la mise en application de ce dispositif construirait les fondations nécessaires à la relance. Par exemple, cela aura pour effet d’absorber le coût de la revalorisation du SMIC local ainsi que le dépens inhérent à l’application effective des conventions collectives à Mayotte
Une grande partie des chefs d’entreprise dont je me fais l’écho, attend fermement une mobilisation significative de nos autorités, sans laquelle nous nous retrouverions contraints de muscler nos actions de protestation. Nous saurions adopter les méthodes du monde agricole qui a su défendre ses intérêts avec détermination. Aujourd’hui, nous préférons encore fonder beaucoup d’espoir dans l’implication de nos députés qui seront prochainement élus ou réélus pour qu’ils soient ambitieux pour Mayotte. Qu’ils portent la détermination des mahorais à se sortir de l’impasse.
Ne serait-ce qu’au niveau des organisations représentatives de l’économie, Il est temps que les mahorais s’approprient leurs outils. Pour gagner en force, le département doit faire place au renouveau. Il est crucial que les artisans et les entrepreneurs mahorais qui mènent des TPE et PME se retrouvent à la tête/acteurs des débats et décisions qui concernent le pays.