Ils sont partout ! Les électeurs du Rassemblement national (RN) ont placé en tête du scrutin européen Jordan Bardella dans 93 % des communes, 96 départements sur 101 et l’ensemble des régions de métropole.
Une suprématie territoriale que les maires ne peuvent plus cacher sous le tapis. C’est ce que faisaient, jusqu’à présent, beaucoup d’entre eux. Le RN était, à leurs yeux, un non-sujet. Malgré des scores XXL à la présidentielle, aux régionales et aux européennes, il ne menaçait pas leur bastion, incapable qu’il était de constituer des listes dignes de ce nom aux municipales.
L’émergence, depuis 2017, de deux scènes politiques tout à fait distinctes, l’une nationale, dominée par le RN, mais aussi Renaissance et LFI, l’autre, toujours sous l’influence des anciens partis, le PS et LR, arrangeait bien tout le monde. Une époque révolue.
Raz-de-marée
Le raz-de-marée de Jordan Bardella aux européennes emporte tout sur son passage. Il contraindra sans doute les DGS à se pencher sur les choix électoraux de leurs troupes, et à leur degré d’adhésion aux politiques publiques de leurs employeurs.
Quand le prolétariat de la fonction publique territoriale, les fameuses catégories C, place le RN en tête aux élections nationales, cela n’a rien de neutre.
« Ces fonctionnaires, qui sont souvent au guichet, ont le sentiment d’être livrés à eux-mêmes face aux revendications religieuses. Pour eux, l’islam est clairement un danger pour la République. Ils éprouvent également une faible confiance dans les élites locales, comme nationales. Ils s’opposent à un management abstrait, qui perd de vue leur cœur de métier », auscultait le politologue Luc Rouban en 2022.
Dommages collatéraux
Cette analyse n’est pas parole d’évangile. Mais elle mérite d’être discutée dans le monde local, tout comme l’impact de certaines politiques antivoiture sur le vote de la France dite « périphérique ». Les législatives du 30 juin et du 7 juillet ne sont pas un scrutin comme les autres.
L’arrivée de l’extrême droite aux commandes ne serait pas sans conséquence sur les collectivités territoriales. Elles ont donc tout intérêt à se saisir de cet enjeu. Et vite. Ne nous y trompons pas : il est minuit moins une.
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