On estime que 7 % de la population américaine vit en mobile-home dans des campings. Le phénomène s’observe aussi au Canada, en Suisse, en Allemagne, en Australie. En France, ce mode de vie s’est développé à partir des années 1990-2000, avec l’envolée des prix de l’immobilier.
L’Hexagone est un terreau fertile dans la mesure où il possède le parc de campings le plus important au monde, après celui des Etats-Unis. De plus, à partir de 1995, les concepteurs et diffuseurs de mobile-homes destinés à un usage prolongé ont pénétré le marché français. Ce qui a fortement contribué à répandre l’usage américain de la vie dans un habitat mobile. Pour autant, le phénomène du « camping résidentiel » est très peu renseigné par des études. C’est ce qui a poussé Gaspard Lion, sociologue et maître de conférences à l’université Sorbonne – Paris Nord, à publier, en mars, un ouvrage intitulé « Vivre au camping. Un mal-logement des classes populaires » (éditions du Seuil).
Il y aurait « a minima, plusieurs dizaines de milliers et potentiellement jusqu’à plus de 100 000 personnes qui résideraient dans des campings détournés de leur fonction traditionnelle de loisirs et de tourisme en servant d’unique domicile », estime Gaspard Lion. Le sociologue a mené ses recherches dans une vingtaine de terrains de camping du pays. Il a, en outre, réalisé une enquête ethnographique poussée dans cinq campings d’Ile-de-France, dans des « zones périurbaines non bâties ». Dans son ouvrage, il explique en quoi ce choix de vie, même s’il satisfait une partie d’entre eux, rend ces habitants vulnérables et non protégés par le droit commun. Et se révèle, à ce titre, un symptôme du mal-logement qui s’étend.
Quels sont les profils des ménages qui vivent au camping à l’année ?
La première catégorie recouvre les personnes des classes populaires qui, bénéficiant d’un emploi stable et de ressources, rêvent d’un habitat individuel, mais ne parviennent pas à acheter sur le marché classique car l’accession à la propriété est devenue difficile. Elles s’orientent alors vers les terrains de camping haut de gamme. Disposer d’un mobile-home spacieux et confortable, bien chauffé en hiver, avec une parcelle de verdure, se présente comme une alternative à la maison avec jardin. Ces résidents vivent bien, à l’année, au camping.
La deuxième catégorie concerne des personnes qui subissent les effets de l’élargissement de la crise du logement. Ces classes populaires ont souvent un emploi stable, mais suivent une trajectoire de déclassement social et résidentiel en raison d’une rupture biographique (divorce, séparation, licenciement…).
[60% reste à lire]
Article réservé aux abonnés
Gazette des Communes
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés