Voix de l’eau en France, Emma Haziza est chercheuse-entrepreneure au service de la massification de l’adaptation au changement climatique. Docteure de l’Ecole des mines de Paris et conférencière inspirante, elle décrypte l’actualité des extrêmes climatiques et les crises de l’eau avec un sens aiguisé de la pédagogie. Intervenant au sein de comités scientifiques (Unicef, France Ville durable…) et conseils d’administration (Eau de Paris), elle a aussi fondé une structure de recherche-action, Mayane Resilience Center, et une start-up, Mayane Labs, qui accompagnent des collectivités et des entreprises cherchant à réduire leur vulnérabilité face aux risques et à se projeter dans la résilience climatique.
Son diagnostic sur les mécanismes à l’œuvre et la spirale qu’ils entraînent est sans concession. « L’heure est grave, dit-elle. On va dans le mur. » Pour autant, elle est convaincue « de la faculté de notre société à restaurer les équilibres perdus, en travaillant dans le sens de la nature au lieu de s’arc-bouter contre elle. La terre est incroyablement résiliente et grâce à cela, l’escalade actuelle est réversible ». Son credo : une reconnexion au vivant, la restauration des cycles de l’eau, la recharge des nappes phréatiques, la régénération des sols. Comme cela n’est possible que dans un élan collectif, elle invite à partager et à transmettre la connaissance scientifique, voudrait revivifier l’imaginaire de l’eau dans les consciences et aimerait voir se multiplier des lieux de débat et d’appropriation du sujet. Pour sortir de la défense d’intérêts particuliers menant à une impasse, des décisions court-termistes, des polarisations, et ouvrir la voie à un déploiement massif
de mesures renversant la donne.
Avec des anomalies extrêmes, comme les pluies diluviennes à Dubaï en avril, ou des records de températures dans de nombreux coins du globe, on touche du doigt l’inhabitabilité de la Terre. La France aussi connaît ses crises de l’eau. Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe ?
Ces phénomènes illustrent l’urgence d’agir. La France se réchauffe à une vitesse vingt fois plus rapide que la moyenne planétaire. Notre pays, l’un des plus tempérés, a rarement manqué d’eau. Les extrêmes climatiques du passé étaient parfois des sécheresses sévères, des inondations gigantesques, mais s’inscrivaient dans une variabilité climatique naturelle.
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Gazette des Communes, Club Techni.Cités