Traditionnellement, le monde de la culture date le lancement de la saison festivalière à l’ouverture du Printemps de Bourges, qui a lieu cette année du 23 au 28 avril. Qu’il s’agisse des festivals ou des fêtes culturelles locales, jamais leurs responsables n’ont cumulé autant de motifs de se faire des cheveux blanc en matière de sécurisation des lieux. Une situation qui a tout d’une double peine.
Après les complications (changements de dates, de lieux…) induites par la concomitance de beaucoup d’événements culturels et festifs avec les Jeux olympiques et paralympiques, le relèvement du niveau d’alerte du plan Vigipirate à son maximum (« urgence attentat »), décidé le 24 mars par le gouvernement à la suite de l’attentat meurtrier survenu au Crocus City Hall dans la banlieue de Moscou, plombe un peu plus l’ambiance.
Le « communiqué spécial » publié en Une sur le site de la Fédération nationale des comités et organisateurs de festivités (FNCOF) le 25 mars en dit long sur la pression que le contexte fait peser sur les épaules des organisateurs d’événements, quelles que soient leur ampleur et la taille des collectivités concernées. Le matin même, son président, Arnaud Thenoz, avait participé à une réunion organisée à Matignon sur l’impact de cette décision sur les organisateurs d’événements.
JO 2024 : épée de Damoclès sur les festivals et fêtes locales
A cela s’ajoute la persistance du risque d’annulation de dernière minute pendant les JO qui continue de planer sur les petits festivals, ceux que les préfets bifferaient sans doute plus facilement sur la liste des rassemblements. En effet, le ministère de la Culture a récemment admis à demi-mot que ce scénario ne pouvait pas être totalement écarté. Publiée le 2 avril au Journal officiel, la réponse du ministère à une question écrite de la députée Sarah Legrain (Paris, LFI) tourne autour du pot avant d’indiquer : « un travail de veille a été mis en place, en lien avec les organisations représentatives du secteur et les directions régionales des affaires culturelles, afin de suivre en temps réel des risques d’annulation qui pèseraient sur ces plus petits festivals . »
Pour le ministère de la Culture, « l’objectif est d’anticiper le plus en amont possible les potentielles situations problématiques et de limiter au maximum le recours à des suspensions ou à des annulations, dont le ministère mesure bien les conséquences dramatiques pour l’économie des festivals et des artistes. » Un risque que les professionnels des événements culturels ont tous en tête, alors que les assureurs sont déjà de moins en moins enclins à couvrir les pertes consécutives à des annulations pour cause d’aléas climatiques (canicule, orages etc.).
Il en faut du courage pour organiser festivals et fêtes locales en 2024 ! Gageons que l’esprit de responsabilité et l’opiniâtreté des professionnels et des bénévoles pour faire vivre la culture et le lien social permettront de surmonter toutes ces difficultés.
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