Le nouveau Schéma national d’orientation pédagogique de l’enseignement public spécialisé (SNOP) de la danse, de la musique et du théâtre et le nouvel arrêté de classement des établissements d’enseignement artistique étaient très attendus du milieu de l’enseignement artistique. Ils constituent une référence pour l’organisation des conservatoires, pour leur labellisation et pour l’élaboration des schémas départementaux d’enseignements artistiques. Cependant, nous avons été très surpris de la faible place laissée dans ces nouveaux documents à l’intervention artistique à l’école et aux liens entre les établissements spécialisés et les établissements scolaires
Les collectivités territoriales et l’ensemble des acteurs du champ de l’enseignement artistique spécialisé s’accordent aujourd’hui à reconnaître la mission primordiale assurée par les musiciens intervenants au sein des conservatoires. Par la richesse et la diversité de leurs actions à l’école, mais également dans les crèches, les lieux d’accueil d’enfants en situation de handicap, par leurs actions de médiation pour le spectacle vivant auprès de publics variés, par la pluralité de leurs projets artistiques collaboratifs, les musiciens intervenants contribuent efficacement à l’éducation artistique et culturelle de tous et au rayonnement du conservatoire sur son territoire. Le nombre d’artistes intervenant en milieu scolaire est en constante augmentation et peut atteindre aujourd’hui 15 % des équipes de certains conservatoires. Nous constatons également le développement des postes d’intervenants en danse et en théâtre aux côtés des musiciens intervenants, pour favoriser la mise en œuvres de projets similaires dans ces disciplines.
Dans le nouveau SNOP, le Diplôme universitaire de musicien intervenant (DUMI) est bien mentionné dans les qualifications permettant d’enseigner en conservatoire. Le SNOP évoque également « les partenariats avec les établissements scolaires et l’appui possible sur des personnels dédiés tels les titulaires du DUMI ». Cependant, aucune obligation n’est faite aux conservatoires d’assurer un service d’interventions artistiques sur son territoire et de s’adjoindre les services des musiciens intervenants. L’organisation et l’évaluation des missions d’interventions scolaires pourtant bien spécifiques et très différentes de celles des autres missions du conservatoire ne sont nullement évoquées. Les modalités de mise en œuvre du partenariat avec les écoles ne sont pas plus précisées.
Quarante ans après la création du DUMI, il nous semble urgent aujourd’hui d’apporter des éléments de sens et d’organisation aux départements d’intervention artistique à l’école créés dans la très grande majorité des conservatoires, pour que les musiciens, danseurs et acteurs intervenants soient mieux intégrés, mieux valorisés au sein de leurs établissements et que les nombreuses spécificités liées à l’organisation de leur travail et à leurs missions soient prises en compte.
Nous regrettons d’autre part que le futur Diplôme national de musique défini dans le SNOP ne valorise pas plus la polyvalence instrumentale et artistique des futurs professionnels de la musique. Nous aurions apprécié notamment que les élèves qui ont pour discipline principale « instrument » soient encouragés à développer des pratiques artistiques complémentaires (chant, instrument d’accompagnement, direction, expression corporelle…). Aujourd’hui, les métiers de la création artistique, mais plus encore les métiers de l’enseignement et de l’éducation artistiques ont grand besoin de ces profils d’artistes à la fois spécialisés mais aussi ouverts et polyvalents. Nous espérons que dans l’avenir ces compétences artistiques transversales seront encouragées, voire systématisées dans les cursus de formation initiale.
Forts de cette réflexion sur l’intervention artistique à l’école et sur les profils attendus par nos structures d’enseignement supérieur musique et suite à la lecture de ces nouveaux documents et aux carences qu’ils nous semblent comporter sur ces points, nous regrettons de ne pas avoir été plus associés aux travaux d’élaboration du SNOP et de l’arrêté de classement des conservatoires. Nous espérons une évolution de ces documents dans l’avenir pour qu’ils s’adaptent aux réalités des différents métiers de l’artiste aujourd’hui et à la réalité des missions d’éducation et d’intervention artistique des conservatoires dans les territoires.
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