Longtemps, l’adaptation a été le parent pauvre de la lutte contre le changement climatique. Actant que l’atténuation a jusqu’ici été trop lente, elle n’a trouvé grâce aux yeux de l’exécutif que depuis peu. Début 2023, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, indiquait – à la surprise générale – que la France métropolitaine devra s’adapter à un réchauffement de + 4 °C d’ici à la fin du siècle. Cette perspective commande la rédaction, en cours, du PNACC, le troisième du nom. Les principes de ce complément à la planification écologique sont testés dans les COP organisées dans chaque région, ainsi qu’à travers une vaste consultation publique. Signe des temps : le président de la République a récemment rappelé l’importance que l’exécutif accorde à l’adaptation. Inflexion qui n’est pas seulement imputable, veut-on croire, aux inondations qui ont dévasté les Hauts-de-France.
L’année 2024 pourrait donc être celle de l’adaptation. Une obligation, à entendre Benoît Leguet. Pour le directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), il n’est que temps d’intégrer les effets annoncés du réchauffement à la décision des élus locaux. Une manière de minorer les risques climatiques et d’éviter de construire des infrastructures ou des bâtiments inadaptés aux affres du climat futur. « Nous sommes face à un mur d’investissements à engager pour décarboner dans les prochaines années. Inutile de refaire les travaux plusieurs fois », résume-t-il. En revisitant tous les pans de l’action publique locale, l’adaptation est aussi un formidable moyen de bâtir un projet de territoire.
Est-il vraiment nécessaire de s’adapter ?
Il y a deux volets à la lutte contre le changement climatique. La baisse des émissions de gaz à effet de serre, l’atténuation, qui doit nous permettre d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris, et l’accoutumance à un climat qui change vite. Les questions qui se posent aux élus et aux acteurs économiques sont de savoir à quelle vitesse le climat évolue et à quoi il faut s’adapter. D’où l’intérêt d’avoir une trajectoire de référence crédible. Même si cela paraît incroyable, une élévation de + 4 °C des températures régnant en France métropolitaine correspond à un réchauffement du climat planétaire de + 2,7 °C d’ici à 2100. C’est ce vers quoi nous mènent les contributions nationales volontaires déposées à l’ONU. Sans changement profond des modes de développement des pays industrialisés, cette évolution est probablement irrépressible.
C’est pourquoi nous devons nous préparer à affronter des phénomènes désagréables qui risquent de se multiplier. Ce changement de climat radical doit conduire les responsables politiques à nous organiser.
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Gazette des Communes
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