[Prix Coup de cœur]
Harcèlement, violence, conflits, difficultés de communication… Les jeunes enfants ont du mal à exprimer leurs maux. Dans les 28 écoles élémentaires et maternelles publiques d’Antibes-Juan-les Pins (Alpes-Maritimes, 76 200 habitants), quinze artistes de street-art reconnus ont transformé un simple banc en œuvre d’art, où les élèves peuvent expliquer ce qu’ils ont sur le cœur. Le simple fait de s’y asseoir favorise l’écoute et le dialogue avec les autres enfants, les enseignants, les encadrants…
Dans chaque école, une classe a promu le projet auprès des autres élèves. La personnalisation des bancs s’est déroulée sur une journée. Le matin, les enseignants volontaires ont expliqué la démarche aux élèves et leur ont montré des œuvres de l’artiste, pour qu’ils puissent décrire les images et les couleurs qu’ils souhaitaient voir apparaître sur ces thèmes du « vivre-ensemble » et du harcèlement. Ils ont également participé au choix du nom.
En fin de matinée, les artistes se sont mis au travail, en projetant les désirs des enfants sur leur création et à 16 heures, le banc était inauguré… C’est Yves Dahan, maire-adjoint délégué à l’éducation, qui a initié le projet « Un artiste, un banc, une école », après avoir découvert une expérience similaire aux États-Unis. « Mais le contexte était trop dur, trop pessimiste, et j’ai souhaité adapter l’idée d’une façon plus ludique », raconte l’élu.
Et aujourd’hui ?
En juin, un vernissage réunissant plus de 3 000 personnes a été organisé sur une place centrale de la ville où, pendant 48 heures, les visiteurs ont admiré les bancs et reçu un livret sur l’opération. « La relation entre enfants et artistes a permis de créer un lien extraordinaire, se félicite Yves Dahan. Ma plus grande fierté, c’est que tout le monde a adhéré au projet, avec beaucoup d’enthousiasme : l’Éducation nationale, les services, les 5 600 enfants scolarisés, leurs parents, les artistes ».
Le projet a bénéficié de l’appui du label Ville amie des enfants de l’Unicef et du programme pHARe de l’Éducation nationale destiné à lutter contre le harcèlement et les violences. À l’automne, un courrier signé de l’élu et de l’inspectrice de l’Éducation nationale a rappelé aux enseignants l’importance de continuer à sensibiliser les enfants à cet outil pédagogique, notamment les nouveaux élèves. Une école privée et plusieurs communes ont contacté la ville pour s’inspirer de son expérience, dont un bilan est prévu en mars 2024.
Stimuler aussi la créativité des enfants
Le banc des copains, Le chasse-problèmes, L’attrape-tristesse, Le banc de la joie, Banc-quête du bonheur, Le trait d’union… L’imagination n’a pas manqué aux élèves pour nommer les bancs. Bénéficiant d’un programme d’éducation artistique et culturelle (EAC), les jeunes Antibois sont déjà familiers de Picasso auquel un célèbre musée est consacré sur les remparts de la ville. Cette fois, « ils ont apprécié de voir des artistes vivants », précise Yves Dahan.
A propos du projet
Lancement : 2022
Public : élèves victimes de harcèlement scolaire
Partenaires : à la ville (direction des activités et animations culturelles, service enfance de la direction jeunesse loisirs, direction presse communication, services techniques —sécurité, déménagements, travaux —, direction de l’éducation — coordonnateur, gardiens, animateurs, Atsem, agents d’entretien…), l’Unicef, l’association d’art urbain Idées Cult and Co et un directeur artistique fédérant 14 artistes, l’Éducation nationale, 733 élèves ambassadeurs dans 28 écoles
Budget : 45 400 euros
Contact : Vanessa Zucconi, chargée des missions éducatives, vanessa.zucconi@ville-antibes.fr
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