L’année 2023 s’est achevée sur une excellente nouvelle pour Bourges, désignée capitale européenne de la culture 2028. Jusqu’alors surtout connue pour son Printemps (festival musical) et sa cathédrale, la ville mise évidemment très gros sur ce projet « bas carbone », conçu pour « transformer en profondeur » le territoire, de la vie citoyenne à l’économie en passant par l’enseignement supérieur, détaille Irène Félix (DVG), présidente de la communauté d’agglo (17 communes, 102 500 hab.).
Mais l’engouement dépasse la préfecture du Cher. Dans toute la région, les collectivités y voient une chance unique de renforcer l’attractivité du Berry, et envisagent de financer près de la moitié du budget prévisionnel de 46 millions d’euros. « Grâce au levier de la culture, Bourges est en train d’inventer un nouveau modèle de développement », s’enthousiasme François Bonneau, président (PS) de la région Centre – Val de Loire.
Accélérateur de projets
Bourges (63 700 hab.) va embarquer d’autres villes moyennes qui lui ressemblent, capables de dupliquer et d’amplifier son projet, « avec le label “Bourges 2028”, mais en suivant une dynamique qui leur sera propre », précise le commissaire général de la candidature, Pascal Keiser.
Dans la région, elles sont quatre à avoir répondu présentes, dont Châteauroux (43 000 hab., Indre), pressée de s’inscrire dans les pas de sa voisine. « Comme pour les Jeux olympiques que nous accueillerons cet été avec l’épreuve de tir sportif, Bourges 2028 va être un puissant accélérateur de projets », se réjouit le maire (ex-LR), Gil Avérous, qui envisage par exemple la création d’une cité des arts et de la culture dont il n’avait jusqu’alors jamais eu les moyens.
Au-delà des villes moyennes, « Bourges 2028 » compte aussi transformer le territoire rural, constitutif de l’identité berrichonne, en développant de nouvelles formes de mobilités là où les transports publics sont rares. Le projet est suivi de près par le conseil départemental du Cher, « qui veille à développer les liens entre Bourges et le reste du territoire », note sa vice-présidente (DVD) chargée de la culture Sophie Chestier.
L’expérimentation a déjà démarré. L’été dernier, une navette au biométhane baptisée « RER Europa » a amené les touristes au Centre céramique contemporaine La Borne ou sur le parcours d’art contemporain « Allons voir » qui anime le Pays-Fort. « Il faut que cela soit pérenne. Pour nous, c’est un sujet central, la mobilité est le nerf de la guerre », insiste Elisabeth Sanson, directrice de l’abbaye de Noirlac, à une quarantaine de kilomètres au sud de Bourges.
La région Centre – Val de Loire a mobilisé ses équipes
Plus largement, l’objectif est que le public puisse accéder aux événements en prenant le train ou le vélo, et non la voiture. L’espoir est d’augmenter de 40 % les liaisons avec Paris et de faire progresser la fréquentation touristique du Cher et de l’Indre de 25 %.
En 2028, des trains de nuit embarqueront voyageurs et artistes, et plusieurs gares de la région se transformeront en œuvres d’art végétales pour attirer le public. Le projet a été réfléchi avec la région qui a mobilisé ses équipes. « Nous avons aidé Bourges à trouver les bons contacts, auprès de la SNCF notamment, et travaillé sur la faisabilité des propositions », relève François Glet, chef de projet.
La région a aussi ouvert son carnet d’adresses culturel, dont Beaubourg avec lequel elle a lancé un festival l’an dernier et le Centre des monuments nationaux, qui gère le palais Jacques-Cœur, avec de nouvelles coopérations en perspective avant même 2028. « Bourges sera bien sûr le foyer principal de l’événement, résume-t-il, mais c’est tout le Centre – Val de Loire qui va vibrer ! »
Une participation citoyenne repensée
Le projet Bourges 2028 intègre une forte dimension participative. Cela se traduira par la mise en place d’un conseil européen citoyen de 32 personnes tirées au sort, pour moitié des habitants de Bourges. Renouvelé chaque année, il décidera de 20 % des appels à projets déposés dans le cadre de la future Cité européenne des artistes, qui s’installera dans l’ancien hôtel-dieu de la ville, dotée d’un budget de 10 millions d’euros. Les jeunes seront également associés dans le cadre du conseil régional de la jeunesse, qui aura en main l’attribution de 10 % de l’enveloppe.
A l’autre bout de la chaîne, les habitants seront partie prenante de l’évaluation du programme. Une cinquantaine de personnes, également tirées au sort, devraient travailler en continu sur ce sujet, afin de pouvoir changer le mode opératoire en cours de route si jamais le système ne fonctionne pas.
Références
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