Les écologistes crient déjà victoire ; le port autonome de Nantes-Saint-Nazaire fait grise mine. La mise en garde de Bruxelles, adressée le 5 juin, la dernière du genre avant saisine de la Cour de justice, à l’encontre de la France fait l’effet d’un coup de tonnerre en Loire-Atlantique. Elle pourrait bien signifier l’enterrement du projet d’extension portuaire sur Donges-Est à l’embouchure de la Loire.
Objet de l’agacement de la Commission européenne : l’insuffisance des mesures compensatoires environnementales. En mars 2007, la France avait déjà reçu un premier avertissement. Donges-Est est une vaste zone humide de 700 hectares dont 440 peuvent recevoir une activité industrielle. La dernière mouture du dossier prévoyait la réalisation d’un terre-plein de 50 hectares avec un quai de 500 mètres pour l’accueil de navires jusqu’à 12 mètres de tirant d’eau. Il s’agit en fait d’un vieux serpent de mer, inscrit à différents contrats de plan Etat-Région et encore au contrat de projets 2007-2013.
Problème : Donges-Est se trouve dans un secteur protégé au titre des directives Habitat et Oiseaux. Bruxelles n’est pas opposé aux travaux à condition que soient recréées roselières et vasières. Le peu d’empressement de la France à désigner dans un passé récent ses zones Natura 2000 l’incite à la vigilance. Et ce, en dépit du travail tout juste achevé d’un comité scientifique chargé de définir les mesures compensatoires. Car l’Europe estime qu’il manque aujourd’hui un engagement clair de l’Etat, avec calendrier et budget à l’appui.
Du coup, le soutien jusque-là unanime des collectivités locales commence à se fissurer : Jacques Auxiette, président (PS) du conseil régional des Pays de la Loire, évoque désormais d’autres options à étudier.