La coopération interrégionale sur la bioéconomie dans laquelle les Hauts-de-France, le Grand-Est et la Normandie se sont impliqués se déploie depuis un peu plus d’un an. Ces trois régions se sont « spontanément tournées vers la bioéconomie car ce sont des régions de production végétale et avec des surfaces agricoles utiles importantes », souligne Anne-Sophie Lesne, vice-présidente du conseil régionale des Hauts-de-France chargée de l’agriculture.
Les deux premières ont « scellé leur volonté conjointe d’avancer ensemble » sur ce sujet lors d’une précédente foire agricole de Châlons-en-Champagne, poursuit-elle, et la Normandie les a rejointes un peu après. Leur but, ajoute la vice-présidente : « valoriser les co-produits de la biomasse agricole, aquacole et sylvicole », souvent considérés comme des déchets, dans des domaines comme les biomatériaux, les bioénergies, les molécules biosourcées mais aussi la santé. Et faire de la bioéconomie « un levier de croissance durable pour leur territoire », ont-elles communiqué.
Un pacte commun
Chacune des trois régions avait un « master plan » ou une feuille de route régionale mais « plutôt que de chercher des solutions chacun dans son coin », souligne Philippe Mangin, vice-président de la région Grand-Est chargé de la bioéconomie, elles ont décidé de mettre en commun leurs moyens et leurs compétences pour « muscler » leurs interventions.
Elles ont adhéré au pôle de compétitivité Bioeconomy for change mais la coopération interrégionale est passée à la vitesse supérieure quand elles ont signé un « pacte » au salon de l’agriculture 2022. Elles ont adopté un plan d’action commun et une feuille de route qui les engagent tout d’abord à communiquer ensemble sur la bioéconomie pour mieux la faire connaître.
Les trois régions ont ainsi co-organisé deux journées dédiées : les premières assises inter-régionales consacrées aux « nouvelles protéines » à Lille en avril dernier et les premières rencontres inter-régionales des fibres végétales et naturelles en septembre à Châlons-en-Champagne, qui ont réuni des organismes de formation ou de recherche, des industriels et des chambres consulaires. Une troisième aura lieu en Normandie prochainement.
Appels à projets conjoints
Les trois régions ont aussi préparé ensemble deux appels à manifestation d’intérêt (AMI) qu’elles ont lancés lors de délibérations simultanées au printemps et à l’automne, l’un sur les protéines végétales et les « nouvelles protéines » et le second les fibres végétales. Près de 100 acteurs des trois régions ont déposé 24 projets. Sur le premier AMI, sept ont été retenus pour un total de 9 millions d’euros. Ils concernent la structuration d’une filière de légumineuses à graines, le développement de produits protéiques issus d’algues ou la bioraffinerie d’oléoprotéagineux, par exemple. Les lauréats de celui sur les fibres ne sont pas connus. Chaque région instruit les dossiers de son territoire puis ils sont mis en commun et la sélection finale est réalisée manière conjointe, précise Anne-Sophie Lesne. Ils sont ensuite accompagnés par l’une des trois régions, notamment dans la recherche de financements (régionaux, européens, Troisième révolution industrielle…). Comme le précise Philippe Mangin, « nous mobilisons ensemble nos instruments financiers de manière convergence et apporter un soutien maximal » aux projets sélectionnés.
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