Seul pays en Europe à se prononcer par référendum sur le traité de Lisbonne, l’Irlande a finalement rejeté, le 13 juin 2008, le texte réformant les institutions européennes. Le non l’a emporté avec 53,4% des voix, contre 46,6% pour le oui. Le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, s’est dit «effondré», mais a appelé l’UE à poursuivre le processus de ratification.
Contexte
La participation a été de 53,13%, c’est à dire bien au-dessus du taux de participation du référendum sur le Traité de Nice de 2001 (38%), selon les chiffres officiels du gouvernement irlandais.
En 2001 déjà, l’Irlande s’était prononcée contre le Traité de Nice. Un an plus tard, elle avait finalement ratifié le texte à l’occasion d’un nouveau référendum après avoir obtenu des concessions dans le domaine militaire et de la fiscalité.
A ce jour, le traité de Lisbonne a été ratifié par 18 pays. Coïncidence : l’Irlande était le 19e sur la liste, tout comme la France en 2005, lorsque le pays a rejeté le projet de Constitution européenne.
Enjeux
Ce rejet irlandais sème le doute sur la poursuite du processus de ratification, notamment en ce qui concerne la Grande-Bretagne. Le traité a été ratifié, le 11 juin, par la chambre des Communes et doit être examiné par la Chambre des Lords le 18 juin. Une source diplomatique britannique a déclaré à l’AFP que l’intention du gouvernement était pour l’instant de progresser comme prévu.
Le traité doit être adopté par l’ensemble des 27 pays de l’UE pour entrer en vigueur. Le premier ministre français François Fillon a averti le 12 juin qu’il n’y aurait « plus de traité de Lisbonne » en cas de rejet du texte par les Irlandais « sauf à reprendre le dialogue avec le peuple irlandais ». « On verra l’initiative qu’il faudra prendre », a ajouté le premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.
Dans tous les cas, les chefs d’Etat et de gouvernement réunis lors du Conseil européen des 19 et 20 juin prochains devraient évoquer les conséquences de l’échec du référendum irlandais et examiner les différents scénarii possibles.
La Présidence française de l’UE, qui commencera dans quinze jours, devra également revoir son programme. Elle devait en effet théoriquement mettre en oeuvre certaines modalités institutionnelles du traité de Lisbonne, qui devait à l’origine entrer en vigueur le 1er janvier 2009.
Lors de la première manifestation, «Paroles d’Européens», organisée par le Quai d’Orsay, le 13 juin à Marseille, le ministre des Affaires étrangères portugais, Luis Amado, qui s’exprimait alors que les résultats n’étaient pas encore connus, a insisté sur la responsabilité de la Présidence française pour trouver une issue en cas de non irlandais.
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