Plus de 9 millions de personnes vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. Plus d’1 million sont privées de logement personnel et près de 600 personnes meurent à la rue chaque année, hiver comme été.
Le logement est en crise, depuis trop longtemps ; le constat est largement connu et partagé par de nombreux acteurs du secteur. Il est vécu chaque jour avec violence par bon nombre de ménages et n’échappe pas à tous ceux dont la situation, hier stable, est aujourd’hui fragilisée par la hausse des coûts de l’énergie ou l’inflation.
Des enfants dorment à la rue, des bidonvilles réapparaissent et, pour les plus fragiles, conserver son logement se fait au prix de renoncements importants : près de 12 millions de personnes vivent dans des « passoires thermiques », voire des logements tout simplement indignes. Impossible à chauffer l’hiver et à refroidir l’été, les conséquences sont nombreuses sur la santé, la vie sociale et familiale, et, dans les pires des cas, sont mortelles. Chaque jour, pour parvenir à conserver ou obtenir un logement, des centaines de milliers d’adultes et d’enfants doivent choisir entre se soigner, se nourrir convenablement, se chauffer. Une réalité épuisante qui aggrave les impacts du mal-logement sur leur santé physique et psychique, et compromet leur avenir.
Chaque année, le nombre d’expulsions locatives atteint un nouveau record et la file d’attente du logement social s’allonge inexorablement pour atteindre désormais 2,3 millions de ménages. Et pourtant, la production de logements sociaux ne cesse de baisser : elle est passée de 124 000 en 2016 à 95 000 logement en 2021 et l’année 2023 devrait conduire à une baisse plus importante encore.
Produire des logements demande du temps, l’alliance durable d’une grande diversité d’acteurs (Etat, collectivités, professionnels de l’immobilier…) et de la visibilité en matière d’objectifs et de financements. Il est temps de ne plus détourner le regard ; il est temps d’agir avec détermination pour produire davantage de logements sociaux et cela repose sur l’engagement humain, financier et la responsabilité de chacun.
La Fondation Abbé-Pierre agit à son échelle pour mettre en œuvre des réponses structurelles au mal-logement dans toutes ses dimensions. Parmi elles, à travers son programme « toits d’abord », elle s’engage dans la production d’une offre nouvelle de logements. Cette offre permet de maintenir des loyers très faibles pour des logements confortables, assurant la stabilité des personnes et performants énergétiquement. Ce sont près de 600 logements créés chaque année grâce à l’engagement d’un ensemble de partenaires. Depuis dix ans, ce sont surtout plus de 13 000 personnes relogées, dont près de 90 % vivent sous le seuil de pauvreté… 13 000 enfants, femmes et hommes, pour qui les portes du logement étaient fermées jusque-là.
Cette production répond à des critères environnementaux et sociaux permettant d’adapter ces logements aux besoins et aux défis d’aujourd’hui et de demain. Elle s’inscrit aussi bien dans les territoires en tension que dans les autres parties du pays où se font jour des situations de précarité. Partout où des besoins se manifestent, des opportunités existent : des logements à réhabiliter, des bâtiments à réinventer au cœur des centres anciens, dans des territoires tendus comme ruraux.
Démultiplier ces réponses impose la mobilisation de tous et, en premier lieu, de ceux qui exercent une responsabilité publique. Elus des collectivités, de la République : une myriade de professionnels de l’immobilier, d’associations et de fondations est prête, et a besoin de votre engagement pour mener à bien ce chantier ! Se résigner à la crise du logement serait désastreux pour les personnes, la société et notre avenir : il est temps d’agir !
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