Que peut-on attendre de la seconde vague de sélection des Territoires d’industrie, lancée le 27 juin 2023 ? Engagé en 2019, le programme de soutien aux industriels a vécu une première vie agitée par une crise sanitaire sans précédent, doublée d’une une crise économique. Mais les élus des communes moyennes ne l’ont pas lâché ! « Ce programme met en place une nouvelle façon de construire la politique industrielle, défend Lucas Chevrier, chargé de recherche Economie-Industrie pour Intercommunalités de France. Il part des besoins des industriels, du binôme formé par un chef d’entreprise et un élu local, pour déployer des projets qui correspondent spécifiquement aux territoires ».
Formation de jeunes en « école de production » autour de Cholet, reconversion des industries gazières vers l’hydrogène dans les Pyrénées, identification de foncier « clé en main » pour l’accueil d’industries… La diversité des 1 800 projets portés par les 149 territoires lauréats (16 000 communes) montre la variété des besoins, alors que 70 % de l’emploi industriel se situe dans les territoires périurbains, ruraux et villes moyennes.
Pour Intercommunalités de France, la bonne nouvelle de cette seconde édition est le financement d’un chef de projet pour les lauréats. « Le premier programme consistait en une labellisation sans moyens dédiés. Or, les services économiques des intercommunalités ne sont pas tous dimensionnés pour dédier un personnel à l’industrie ! », remarque Lucas Chevrier.
Territoires d’industrie opère en outre une mise à jour de ses priorités qui évoluent de l’attractivité vers le verdissement du secteur. Et garde son objectif de proximité. Car s’il existe des dispositifs pour promouvoir l’innovation, la valorisation de la recherche ou l’internationalisation pour des industries souvent localisées dans les métropoles, ce programme s’adresse aux industriels des campagnes, à la lutte pour maintenir leur activité.
Animation et ingénierie
Cette nouvelle phase envisage « une mise à jour en profondeur de la carte du programme et de l’offre d’accompagnement, tout en gardant sa philosophie souple, transverse et partenariale avec les collectivités ».
Il s’agira donc de renforcer l’animation et l’ingénierie locale grâce aux chefs de projet, « cofinancés par l’État et les intercommunalités », pour repérer et accompagner la réalisation de projets industriels, créateurs d’emplois et de valeur.
Ils pourront aussi accompagner les industriels vers les aides nationales dédiées : « Rebond industriel » pour les territoires concernés par des fermetures brutales d’usines ou France 2030, vaste plan d’investissement de 34 milliards d’euros sur cinq ans, lancé en 2021. Territoires d’industrie doit également trouver des solutions pour renouveler les compétences en formant, au plus près des usines, les personnels qui leur manquent.
Autre enjeu de taille de ce nouveau programme, l’identification, l’aménagement et la labélisation de 50 sites permettant l’implantation de nouvelles entreprises industrielles dans la logique du ZAN. « Pour nos intercommunalités, à la manœuvre sur les schémas d’aménagement du territoire avec les régions, cet aspect du programme est important », observe Lucas Chevrier.
Reste désormais à compter les candidats : « il s’agit d’identifier les groupes d’intercommunalités volontaires pour travailler ensuite avec elles sur leur projet et constituer un binôme élu-entrepreneur engagé ». Les candidats peuvent déposer leur projet jusqu’au 22 septembre pour une sélection qui aura lieu fin octobre, avant la prochaine assemblée générale des Territoires d’industrie prévue en novembre 2023.
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