[Collectivité de Corse • 339 200 hab.] « Autonome ou non, la question du devenir de la Corse passe par la maîtrise de ses données publiques et d’intérêt général », estime Eric Ferrari, directeur de la transformation numérique de la collectivité de Corse. Si toutes les collectivités se confrontent à problématique de la souveraineté des données produites sur leur territoire, pour cette collectivité au statut particulier, la question recouvre celle de son existence même.
En effet, « le numérique est à la fois un poison et un remède. Comment faire un comparatif entre une région de 300 000 habitants et une du continent, qui en compte plusieurs millions ? Dans les graphiques nationaux, la région Corse disparaît. C’est un vrai retour en arrière et cela pose un problème politique », déplore l’agent.
Le travail engagé par la collectivité en juin 2022 pour élaborer son schéma directeur territorial d’aménagement numérique, Smart Isula, se dirige peu à peu vers un vrai service public de la donnée.
Gouvernance simplifiée
Pour organiser ses données d’intérêt territorial, l’île de Beauté possède quelques avantages structurels : son statut unique, lui conférant des prérogatives habituellement réservées aux régions, aux départements ou aux métropoles, permet une gouvernance simplifiée. « Pour ouvrir les données, il n’y a pas trois interlocuteurs mais un seul », résume Eric Ferrari.
Sans compter l’historique de l’ouverture des données, débutée ici en 2012. « Une petite commune de 600 habitants, dans le sud de la Corse, faisait partie des tout premiers contributeurs, se souvient Jean-Marie Bourgogne, délégué général de l’association Open data France. Il y a ici des combattants de la première heure qui, aujourd’hui, veulent monter en gamme, en travaillant la qualité des données et l’accompagnement des agents. »
La Corse relance donc l’ouverture de ses données en insistant sur l’usage, comme l’explique Alexandre Vican, chef de service des usages et services numériques : « Il s’agit de faire du qualitatif plutôt que du quantitatif. Fin 2022, nous avons réduit le nombre de jeux de données et sommes repartis sur de nouvelles normes. »
Hébergement gratuit
La collectivité propose un portail de publication en « marque blanche » : Porto-Vecchio, Bastia et l’observatoire du développement durable profitent déjà de cet hébergement gratuit, encadré par une convention.
En plus de cette mise à disposition d’outils, la stratégie corse proposera, avant la fin 2023, un accompagnement en ingénierie. Il s’agit dans un premier temps d’une réorientation des trois équivalents – temps plein (ETP) actuellement dédiés à l’open data. Le but : amener toutes les collectivités et leur centaine de satellites à la logique de la donnée.
« Toutes ces entités sont des constellations de data, aujourd’hui peu ou pas gérées, résume Eric Ferrari. Nous pensons que chaque euro mis dans un dispositif public peut servir à faire du commun grâce au partage de données. »
Contact. Alexandre Vican, chef du service des usages et services numériques, 04.95.51.69.14.
Les moyens manquent, pas les idées
La collectivité de Corse s’estime confrontée à un plafond de verre. En cause, « une sous-taille critique des structures corses », estiment les agents de la collectivité. Un lourd travail d’ingénierie est pourtant nécessaire pour pouvoir accompagner la collectivité, mais aussi les neuf agences et offices du territoire ainsi que leur centaine de satellites vers une véritable culture de la donnée. Pour sauter l’obstacle, la collectivité a choisi de capitaliser sur les moyens nationaux, comme Open data France, et l’expérience d’autres collectivités. Une convention la lie ainsi à Ekitia, l’association qui a remplacé Occitanie Data et va se transformer en un groupement d’intérêt public.
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