Il n’y a pas de « ras-le-bol » vis-à-vis du tri des déchets, assure Jean-Daniel Lévy, directeur du département politique et opinion de Harris Interactive : selon 97 % des Français, le geste est nécessaire et, pour 88 %, ses bénéfices justifient l’effort fourni, selon l’étude réalisée pour l’Assemblée des communautés de France (ADCF) et rendue publique le 30 novembre. Seuls 2 % jugent que le tri demande trop d’efforts.
Bonne volonté – 83 % se disent prêts à apporter leurs seringues usagées et autres déchets coupants en pharmacie, 75 % à déposer leurs meubles sur la voie publique aux jours indiqués par la collectivité ou auprès d’un relais associatif et 68 % à amener leurs produits d’entretien périmés à la déchetterie ou un autre point de collecte. Il y a là une convergence avec le point de vue des intercommunalités, où une majorité d’élus et de cadres territoriaux (51 %) estime que les ménages sont prêts à aller plus loin dans l’effort de tri, selon une enquête menée par l’ADCF auprès de 150 adhérents. Les marges de progrès apparaissent importantes pour 48 % des intercos, modestes pour 50 %. Ces dernières portent avant tout sur les emballages légers (cités par 76 % des représentant d’intercos), loin devant le verre (49 %), les déchets spécifiques (48 %), le papier (48 %) et la matière organique (46 %), les encombrants fermant la marche (17 %).
Motivés et informés … sauf sur le coût – Le gain écologique est la première motivation des trieurs (59 % entendent protéger l’environnement), moins sensibles aux aspects économiques du recyclage (24 % évoquent la création d’emplois, 8 % le développement de nouvelles technologies). Seuls 4 % disent trier par obligation.
Le coût de la gestion des déchets est sous-estimé : le service n’apparaît coûteux qu’à 52 %, 45 % le jugeant plutôt bon marché. Pourtant, les Français s’estiment bien informés : 78 % jugent clairs les éléments dont ils disposent et 66 % les trouvent suffisants. Logiquement, l’information sur les consignes de tri n’est citée qu’à 22 % comme élément d’incitation à trier, alors que les intercommunalités la mentionnent à 49 %.
Les collectivités parient sur la carotte financière – Les gestionnaires de déchets misent en premier lieu sur l’incitation financière ou fiscale, citée par 59 % d’entre eux mais seulement par 35 % de l’échantillon représentatif de la population française. « C’est tout l’enjeu de la tarification incitative, programmée par le Grenelle d’ici cinq ans … et qui soulève beaucoup d’interrogations », remarque Nicolas Portier, délégué général de l’ADCF. Pour les administrés, c’est la facilitation du geste de tri qui apparaît comme la plus stimulante, la mise à disposition de bacs plus nombreux et accessibles étant citée le plus fréquemment (43 %).
« Rep » : un système encore peu connu des collectivités
Quand on leur parle collectes sélectives, les élus et dirigeants des intercommunalités sont très élogieux : 85 % les jugent bénéfiques à l’environnement, 66 % envisagent positivement la mise en place de nouvelles filières (meubles, déchets d’activité de soins à risque infectieux) et 61 % considèrent – avec un certain optimisme, souligne-t-on à l’ADCF – que leur développement n’a pas nui à l’organisation du service de collecte. En tout logique, une majorité (54 %) se dit favorable à l’instauration de nouvelles collectes séparatives.
Le tableau est moins flatteur quand on évoque les filières, mises en place au nom de la « responsabilité élargie du producteur » (Rep), déclinaison du principe pollueur-payeur qui voit les fabricants et distributeurs prendre en charge, totalement ou partiellement, la fin de vie des produits. Seuls 37 % disent bien connaître le système, intronisé en 1992 avec Eco-Emballages. Une majorité (49 %) avoue en avoir une approche très générale. 8 % en ignorent le fonctionnement et 6 % n’en ont jamais entendu parler.
Si 48 % des établissements publics de coopération intercommunale jugent que le déploiement des Rep est « une bonne chose », 69 % estiment que le dispositif manque de lisibilité, 56 % que les soutiens financiers sont insuffisants et 46 % que les collectivités pourraient être mieux associées à l’organisation de la filière.
Thèmes abordés