L’éclairage reste, pour nombre d’élus et acteurs du bâtiment public, un sujet qui ressort plus de l’entretien des locaux que de l’ingénierie. C’est ignorer la révolution technologique que cet usage de l’électricité a vécue en quinze ans. Les qualités et performances de la led ont pulvérisé celles des technologies à filament ou fluorescentes. L’électronique et les capteurs embarqués des luminaires leds peuvent structurer et irriguer le réseau numérique du bâtiment. D’après le Plan de sobriété énergétique et le Plan bâtiment durable, « dans les bureaux, moderniser l’éclairage et l’associer à des automatismes, c’est réduire immédiatement de 10 % la facture globale d’électricité ».
Les néons et les minuteries, c’est fini
Pourtant, selon le Centre d’études et de recherches économiques sur l’énergie, on trouve encore une majorité de bâtiments non résidentiels dont l’éclairage date de plus de quinze ans. RTE, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité, estime que seulement 20 % à 30 % sont passés à la led et qu’il est urgent de remplacer les luminaires à tubes, qui clignotent et bourdonnent à l’allumage. D’ailleurs, ces tubes néons, qui ne peuvent pas être pilotés automatiquement, seront bannis d’Europe en août 2023. Ils consomment quatre à cinq fois plus qu’un luminaire led pilotable et c’est pendant la journée qu’ils consomment trop. Par conséquent, installer une gestion technique du bâtiment thermique qui ne pourra que garantir leur extinction à 21 heures risque de décevoir.
Mieux vaut d’abord réduire la puissance installée, en remplaçant ces appareils par des luminaires leds pilotables. Ensuite, les gains supplémentaires viennent du contrôle automatique des durées d’éclairement (détection de présence) et des intensités lumineuses (cellule de variation de puissance selon les apports de lumière du jour). Associer ces deux détections garantit d’en finir avec l’éclairage au maximum en plein jour et les espaces vides éclairés toute la nuit. Les fonctions plus élaborées (surveillance des consommations, contrôle de l’état des luminaires) aideront à la maintenance. On ne constate pas de progrès énergétiques si les luminaires ne sont pas des leds et pilotables.
Des économies à la clé
Depuis 2018, la réglementation thermique « existant par élément » impose d’ailleurs que la puissance des installations rénovées ne dépasse pas 1,6 watt par mètre carré par tranche de 100 lux et que soit associée la prise en compte automatique de la présence ou non de personnes et de lumière du jour. De plus, rénover seulement l’éclairage ne compromet pas les plus ambitieuses rénovations thermiques globales. Mieux, les économies rapidement générées peuvent servir à les financer. Pourquoi attendre encore ? C’est trop lentement que sont adoptées ces solutions prêtes à poser, à l’installation rapide et peu coûteuse, et au pilotage parfois sans-fil. C’est la raison pour laquelle l’Ademe, avec ses guides « Rénover l’éclairage », l’Education nationale, avec sa série « Bâtir l’école », la Commission de régulation de l’énergie, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies… des voix, de plus en plus nombreuses, s’accordent à clamer « pas de rénovation énergétique sans rénovation de l’éclairage ! ».
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