La situation économique des administrations est de plus en plus difficile et elle va probablement s’aggraver. Il est indispensable de recourir à des techniques d’achat qui permettent de faire des économies substantielles. Nous pouvons témoigner que ce sont plusieurs millions d’euros que bien des collectivités seraient à même d’économiser chaque année. Ainsi, concrètement, nous avons conseillé une collectivité pour des travaux neufs, estimés à environ 10 millions d’euros. En premier lieu, nous avons travaillé sur la définition du programme : un parking semi-enterré, et non pas totalement enterré, entraîne déjà des économies ; un travail sur l’ensoleillement et l’orientation du bâtiment signifie aussi réduire les dépenses énergétiques, etc.
Le cycle de vie des achats passé au crible
Puis, dans le marché de travaux, nous avons remplacé le traditionnel critère « prix », qui renvoie uniquement au forfait découlant d’une décomposition du prix global et forfaitaire (DPGF), par celui de l’analyse du coût du cycle de vie (ACCV). Motif : le DPGF ne vise que le « prix » d’achat, alors qu’un bâtiment va coûter bien plus cher à la collectivité, en frais de maintenance, d’utilisation, de consommations énergétiques… L’ACCV reflète le vrai coût financier d’un nouvel équipement. La preuve, l’offre retenue n’était pas la moins chère à l’acquisition, mais la première reportée au critère « ACCV ». Concrètement, ce sont près de 2 millions d’euros que cette collectivité économisera chaque année, grâce à cette analyse financière du cycle de vie, soit près de 20 % du coût de la construction. En cinq ans, elle aura récupéré le coût financier de la construction initiale !
Bien sûr, il est plus facile de noter une offre en comparant de simples forfaits entre eux (analyse de DPGF) qu’en réalisant une véritable ACCV. Mais les économies réalisées sur la durée de vie de l’équipement sont considérables. Cette démarche peut s’appliquer à tous les marchés de fourniture. En six mois d’utilisation, le « prix » d’acquisition d’une imprimante est supplanté par les coûts des consommables, de l’énergie, de sa maintenance, etc. La première case à prévoir dans un acte d’engagement pour de nouvelles fournitures, c’est celle de l’offre que le candidat propose pour la reprise de l’ancien matériel (moins-value imputée sur les factures des nouvelles acquisitions).
Réservation obligatoire des repas
Autres pistes : créer un système de consigne dans les marchés de fournitures de produits d’entretien, le fournisseur récupérant les bidons et les rechargeant (20 % d’économies) ; imposer la réservation obligatoire des repas dans la restauration collective (repas prévu mais enfant absent = repas jeté, donc dépense inutile) ; utiliser le système des accords-cadres à marchés subséquents qui permet de faire pression sur le volet financier ; recourir aux enchères électroniques ; initier un marché de cartes d’achat pour la location de véhicules, incluant l’entretien et la consommation de carburant, avec un loyer mensuel n’évoluant pas en fonction du prix à la pompe (loyer révisable selon un indice et établi sur un ratio moyen de consommation du parc automobile de la ville), etc.
Bien des astuces existent dans les marchés publics pour réaliser des millions d’euros d’économies.
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