Pas le choix, il faut rallumer l’ordinateur, c’est la rentrée. Mais, paradoxe, le gris sera probablement moins dans les chiffres affichés sur l’écran des comptables locaux qu’il n’a été dans le ciel français cet été. En se penchant sur les documents du prochain Débat d’orientation budgétaire, chacun peut voir qu’au milieu des nuages lourds d’orages sanitaires et de pluies économiques, les comptes locaux résistent mieux.
Volontarisme et résilience
Le dernier bulletin d’information de la Direction générale des collectivités locales (DGCL) rappelle que l’épargne brute à certes baissé de 10,8 % avec des recettes stables à – 0,6 % à champ constant et des dépenses en hausse de 1,3 %, mais les projections faites par la Banque postale et la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) début juillet laissent entrevoir une volonté ferme des acteurs locaux à maintenir leur programme d’investissements en 2021, après une baisse en 2020 de 6,2 % et surtout de 14,5 % pour le seul bloc communal.
Cet objectif se fera au prix d’un plus grand recours à l’endettement, déjà en hausse de 3,3 %, selon la DGCL. Il est pourtant clair que les élus ont cette fois coiffé leur casque lourd, prêt à monter au front pour combattre la tempête qui menace et tenir leurs promesses de campagnes.
Ils ne partent toutefois pas le cœur léger : la réforme de la taxe d’habitation génère encore bien des interrogations sur la structure du panier de ressources disponibles à moyen et long terme. Il faudra à cet égard surveiller lors du prochain projet de loi de finances les rustines que veut coller le gouvernement sur le calcul des indicateurs de richesses, chamboulés par la réforme fiscale.
Haro sur la fiscalité économique
D’autres menaces pèsent sur les ressources locales : les effets de la crise, mais aussi de l’action gouvernementale de dumping fiscal pour relancer la production, sur les recettes économiques locales, le lobbying des entreprises de réseaux pour réduire dans la foulée l’indemnité forfaitaire sur les entreprises des réseaux (IFER), les incertitudes autour du financement du transport en commun pour les autorités organisatrices de la mobilité ou le probable retour à terme d’un encadrement de la dépense ou de l’endettement pour réduire la dette covid. Pour le moment, tous ces nuages se brisent sur la résilience financière et le volontarisme local comme un effet de foehn montagnard où, par un effet météorologique très particulier, éphémère et très local, peut percer un bout de ciel bleu sur un versant, tandis que s’abat la pluie sur l’autre. Il faut donc savoir prendre la lumière où elle est et le temps qu’elle dure. Ce pourrait être la devise de cette rentrée.
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