Concrètement, que proposez-vous aux collectivités pour renouveler leur partenariat avec les Tréteaux de France ?
Cela veut-il dire que vous demandez aux collectivités une plus grande implication ?
Dans un document détaillé intitulé « Les Tréteaux de France, les chantiers du devenir possible », publié après sa nomination, Robin Renucci reprend l’essentiel du projet qu’il a remis au jury chargé de choisir le nouveau directeur de cette structure itinérante.
Porter le théâtre là où manquent les structures professionnelles
Fondés en 1959 par le comédien et metteur en scène Jean Danet, les Tréteaux de France, structure itinérante, jusqu’ici basée à Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne), ont vocation à porter le théâtre là où il manque les structures professionnelles pour le créer et le diffuser, et font partie des vecteurs de la politique territoriale du ministère de la Culture. Depuis 1974, cette institution a le statut de centre dramatique national (CDN). Elle intervient seule ou avec d’autres équipements de spectacle vivant, à son initiative ou à la demande d’acteurs culturels. Son champ de prédilection est celui des petites villes et des communes rurales, mais aussi celui des villes et agglomérations, dans le cadre de la politique de la ville.
Pour ce qui est des relations avec les collectivités, les deux principales innovations proposées par son nouveau directeur Robin Renucci sont :
- d’une part, de remplacer l’itinérance systématique par le séjour prolongé dans le cadre de résidence d’artiste,
- et, en second lieu, de procéder par appels à projets pour susciter un travail de coproduction avec les créateurs et acteurs culturels locaux.
Tréteaux de France : quelles relations avec les territoires ?
Extrait du projet présenté par Robin Renucci au ministère de la Culture
« Seul Centre Dramatique National ne pas être implanté, les Tréteaux ne me semblent pas avoir vocation à solliciter des financements publics territoriaux autres que ceux affectés aux actions définies avec leurs partenaires. Ils ont à contribuer, auprès de leurs complices locaux, au développement artistique et culturel des territoires. Le nomadisme que les futurs Tréteaux chercheront à inventer utilisera l’altérité comme vecteur de développement artistique et culturel territorial.
Ce qui a changé depuis la création des Tréteaux par Jean Danet, ce n’est pas seulement la présence du théâtre là où il n’était pas. C’est aussi (voire surtout) l’existence de politiques territorialisées de l’art et de la culture et la responsabilisation des pouvoirs publics locaux, des associations et des professionnels dans l’élaboration et la mise en oeuvre de ces politiques.
L’apport des Tréteaux futurs résidera dans leur nomadisme. Ils seront ici tout en venant d’ailleurs. Ils ne seront pas envahisseurs. Ils n’ont pas vocation à éradiquer ce mot hideux de province. Dans le faire avec des Tréteaux futurs, la modestie est l’arme majeure de l’exigence artistique. Cela vaut tout particulièrement pour la relation à nouer avec Montereau-Fault-Yonne, le Gâtinais et la Seine-et-Marne. Les Tréteaux ne s’y installeront pas, avant tout parce qu’ils n’ont pas à s’installer où que ce soit. Ils peuvent proposer, accompagner, contribuer à inventer des formes d’action artistique et culturelle non encore expérimentées sur place. Ne jamais être d’ici permettra de faire dialoguer les ici rencontrés. Toutes les productions issues de ces périodes où le nomade se sera provisoirement sédentarisé ont vocation à être montrées ailleurs. »
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