Lors de sa conférence de presse hebdomadaire jeudi 1er octobre, depuis l’hôpital Bichat à Paris, Olivier Véran est revenu sur la circulation du virus, notamment dans les métropoles qui concentrent le plus l’attention. Le ton se voulait encore plus pédagogue que les fois précédentes et le ministre a insisté sur la concertation nécessaire avec les élus locaux.
« Le rôle des élus locaux est majeur : raison pour laquelle nous consultons et concertons avec les élus des territoires en état d’alerte », a prévenu le ministre avant d’entrer dans le détail des chiffres. « Les maires sont essentiels à la fois pour accompagner la mise en place de mesures de réduction des risques, mais aussi pour informer, sensibiliser et contrôler le respect des gestes barrières par nos concitoyens », rassure-t-il également.
Pour ne pas réitérer les tensions nées de sa précédente conférence de presse, où Olivier Véran avait annoncé des mesures restrictives pour les restaurants et bars notamment à Marseille et en Guadeloupe, le ton était beaucoup plus préventif. Le ministre a listé les différents taux dans différentes métropoles pour mettre en garde de la mise en œuvre de mesures plus contraignantes.
Depuis le 23 septembre, trois indicateurs permettent de piloter l’épidémie : le taux d’incidence dans la population générale, c’est à dire le nombre de personnes contaminées les sept jours précédents pour 100 000 habitants, le taux d’incidence pour les personnes âgées de plus de 65 ans ainsi que la part des lits de réanimation occupés par des patients atteints de Covid-19 au niveau régional.
Améliorations à Marseille, Bordeaux et Nice
« L’examen des derniers chiffres disponibles indique une amélioration dans deux métropoles que sont Bordeaux et Nice, mais également à Marseille », s’est félicité le ministre. Les mesures en vigueur depuis la semaine dernière se poursuivent néanmoins toujours, celles-ci étant instaurées pour quinze jours.
Le ministre n’a pas donné le détail des chiffres à Marseille. L’Agence régionale de santé de Provence-Alpes-Côte d’Azur comptabilisait 257 personnes contaminées pour 100 000 hab. du 20 au 27 septembre sur les seules communes d’Aix-en-Provence et Marseille, quand le taux d’alerte est de 250. Cependant, le ministre semble se baser sur les chiffres de l’ensemble de la métropole administrative, où se trouvent plusieurs communes moins dense où la circulation du virus est moins forte.
Situation préoccupante à Lille, Lyon, Grenoble, Toulouse et Saint-Etienne
Le ministre a ensuite confirmé que « l’évolution des derniers jours reste préoccupante » dans cinq métropoles : Lille, Lyon, Grenoble, Toulouse et Saint-Etienne. Il a assuré s’être entretenu avec la plupart des élus des territoires concernés, ou s’apprêter à le faire.
Situation sanitaire #COVID19 j’aurai un échange avec @castex en fin d’après midi pour évoquer @SteMetropole @saint_etienne_
— Gaël Perdriau (@PerdriauGael) October 2, 2020
Le ministre a donné le détail des chiffres relevés dans quatre de ces métropoles, ajoutant que « si les mesures prises la semaine dernière ne produisent pas suffisamment d’effets, nous pourrions être amenés à placer ces territoires en zone d’alerte maximale ».
Lorsque le taux d’incidence dépasse 250 personnes contaminées en population générale pour 100 000 hab. , et 100 personnes pour 100 000 de plus de 65 ans, et lorsque les services de réanimation sont occupés à plus de 30% par des patients atteints de Covid-19, le territoire peut basculer en effet en zone d’alerte maximale.
Seuils franchis à Paris et en proche banlieue
Ces seuils sont franchis à Paris et en petite couronne mais seulement « depuis quelques heures », a annoncé le ministre. « Si la dynamique ne s’est pas infléchie, et si les données sont confirmées, nous prendrons ensemble, avec les élus, les mesures qui s’imposent », a prévenu le ministre, ajoutant que « nous n’aurions pas d’autre choix que de placer Paris et la petite couronne en zone d’alerte maximale dès lundi ».
Il a également précisé que les mesures seraient prises à l’échelle de Paris et de la petite couronne car les mouvements de population y sont très importants, et que de manière générale, les évolutions de l’épidémie dans les départements limitrophes suivent les évolutions constatées à Paris.
Dans la foulée de la conférence de presse, aucun agacement parmi les élus n’a été constaté, contrairement à la semaine précédente. Les discussions entre le Premier ministre et le ministre de la Santé avec les élus des territoires concernés a donné l’occasion à ceux-ci de mettre en place une méthode de discussion, et de relayer des mises en garde dans les médias. « Jean Castex a aussi rappelé que concertation ne valait pas codécision. S’il y a désaccord avec le maire, l’État et le préfet prendront leurs responsabilités », a ainsi détaillé Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, à Actu Toulouse.
Pilotage de l’épidémie : un manque de données publiques
Depuis le début de l’épidémie, Santé Publique France s’efforce de partager des données à tous les données utilisées pour le pilotage des mesures à prendre face à l’épidémie, avec plus ou moins de réussite. Les indicateurs utilisés depuis le 23 septembre par le gouvernement ne peuvent néanmoins pas être calculés grâce aux données publiques.
En effet, plusieurs obstacles se trouvent sur la route de ceux qui aimeraient analyser l’évolution de l’épidémie sur leur territoire à partir des données publiques. Le nombre de personnes positives n’est ainsi disponible qu’au niveau départemental, ne permettant pas de descendre au niveau métropolitain utilisé depuis le 23 septembre. Par ailleurs, les tranches d’âges se font pour chaque dizaine, empêchant là aussi de commencer à comptabiliser à partir de 65 ans le nombre de personnes contaminées.
Selon nos informations, des données concernant les tests, à un niveau géographique plus faible que le département, devraient être prochainement mises en ligne. Des questions d’anonymisations se posent néanmoins avec ces données pour les territoires les moins peuplés.
Lundi 28 septembre, Gabriel Attal a déclaré lors du compte-rendu du Conseil des ministres que le président a réclamé la transparence sur ces indicateurs chaque jour. « Ces critères territorialisés et localisés seront désormais publiés chaque jour», a-t-il annoncé.
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