A compter de ce 1er avril 2019, soit un an jour pour jour après son lancement et neuf mois avant sa fin, l’expérimentation du dispositif des « emplois francs » voit son périmètre géographique élargi. Le nombre de quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) concernés passe de 194 à 740, sur 13 territoires au lieu de 7 (lire le focus). Même si plusieurs régions n’en comptent aucun, le nouveau périmètre permet de rendre éligibles plus de la moitié des demandeurs d’emploi résidant en QPV, soit deux fois plus que lors du lancement de l’expérimentation.
Cette extension répond à deux objectifs. Dans les secteurs où un ou plusieurs quartiers étaient déjà concernés, « élargir le périmètre à tout le département ou la région doit rendre la communication plus simple pour Pôle Emploi », explique-t-on au cabinet de Muriel Pénicaud, ministre du Travail. Dans d’autres secteurs, l’idée est d’amorcer le développement du dispositif. Les départements et régions d’outre-mer, notamment, qui n ‘étaient pas concernés jusqu’à présent, le deviennent tous. Rappelant que près de 25 % de la population des territoires ultramarins vivent en QPV, Annick Girardin, ministre des Outre-mer, estime que « le dispositif des emplois francs prend ici tout son sens».
Près de 6000 demandes déposées
L’aide financière apportée aux entreprises ou associations recrutant ne change en revanche pas : 15 000 € sur 3 ans pour un CDI et 5 000 € sur 2 ans pour les contrats à temps plein. En cas de temps partiel, ces enveloppes sont adaptées au prorata du temps de travail.
Depuis le début de l’expérimentation, le 10 mars 2019, 5 699 demandes ont été déposées et 4 544 acceptées. Ces contrats sont à 82 % des CDI et 18% de CDD, et ils sont conclus à 87% par des entreprises contre 13% par des associations. Dans l’une des nombreuses vidéos de promotion réalisées par le CGET pour aider à convaincre les employeurs, Zhora Elbasri, directrice du Pôle Emploi de Roubaix centre, témoigne : «On trouve des entreprises de la restauration, du bâtiment, de la fibre optique… On peut y voir les secteurs en tension. »
Lutter conte l’assignation à résidence
Ce qui intéresse le gouvernement dans ce bilan est que, dans un cas sur deux, le bénéficiaire travaille en dehors du quartier où il vit. C’est l’objectif : lutter contre « l’assignation à résidence ». On est encore loin des 20 000 contrats évoqués par Muriel Pénicaud comme un niveau qui signifierait, selon elle, la réussite du projet, mais cette extension vise à doper l’expérimentation et à ouvrir ainsi la voie à la généralisation, prévue pour 2020.
Reste à savoir si ce dispositif basée sur une incitation financière suffira à lutter contre la discrimination « à l’adresse » : selon le rapport 2018 de l’Observatoire national de la politique de la ville, qui vient d’être publié, « l’accès à l’emploi s’avère toujours plus difficile pour les habitants des quartiers prioritaires, notamment les jeunes. Ainsi, trois ans après leur sortie de formation initiale, 37 % des jeunes ayant au moins le Bac ne travaillent toujours pas, contre 22 % dans les autres quartiers urbains ».
Territoires éligibles
Les habitants inscrits à Pôle emploi de l’ensemble des quartiers prioritaires de la politique de la ville des territoires suivants sont éligibles aux emplois francs : les Hauts-de-France, l’Ile-de-France, les Ardennes, les Bouches-du-Rhône, la Guadeloupe, la Guyane, la Haute-Garonne, le Maine-et-Loire, la Martinique, Mayotte, La Réunion, le Vaucluse et Saint-Martin.
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