La tension est toujours forte à Marseille depuis l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne, le 5 novembre dernier. Le conseil municipal du 10 décembre devait consacrer une large place aux actions mises en œuvre par la mairie et aux décisions à venir. Or le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a annoncé hier son report « compte-tenu des débordements qu’ont connues les manifestations de ces derniers jours ». Une nouvelle date doit être fixée « avant la fin de l’année ».
Ce report n’a pas empêché les collectifs de soutien aux sinistrés de se réunir dans le calme devant la mairie. Selon le décompte de la municipalité le 9 décembre, 1 543 personnes sont toujours évacuées de 187 immeubles de la ville. 1 204 d’entre elles sont hébergées dans 31 hôtels, aux frais de la municipalité. Plus de 7 000 repas chauds ont en outre été servis.
Depuis le 5 novembre, 879 signalements d’immeubles en mauvais état ont été enregistrés par les services municipaux qui ont effectué 667 visites. Ces visites ont d’ores et déjà donné lieu à 48 arrêtés de péril grave et imminent.
Mobilisation de crise
Selon un élu, les opérations menées depuis un mois ont coûté 8 millions d’euros à la ville. Un « poste de commandement communal » réunit depuis cinq semaines onze cellules opérationnelles regroupant l’ensemble des fonctions de contrôle, d’expertise, de sécurité civile, de secours et d’aide aux sinistrés. Une centaine d’agents des services municipaux, du bataillon des Marins pompiers, de la police municipale, du CCAS et de la Régie des transports s’y relaient chaque jour. Un espace d’accueil des personnes évacuées a également été ouvert le 19 novembre pour « assurer un accompagnement juridique, administratif et en hébergement » des sinistrés.
Concernant l’effondrement des immeubles de Noailles, une information judiciaire a été ouverte le 27 novembre pour déterminer les responsabilités dans ce drame qui a causé la mort de huit personnes. Un des deux immeubles appartenait à Marseille Habitat, société d’économie mixte de la ville, qui l’avait définitivement acquis au terme d’une procédure d’expropriation en 2017. L’instruction est ouverte contre X « des chefs d’homicides et blessures involontaires aggravés par violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement et de mise en danger de la vie d’autrui ».
La métropole Aix-Marseille-Provence, soutenue par le gouvernement, a lancé une stratégie de lutte contre l’habitat indigne et dégradé, le 28 novembre. 600 millions sur dix ans, dont 240 millions apportés par l’Etat via ses agences (Agence nationale de l’habitat Agence nationale de rénovation urbaine), seront investis pour accélérer les opérations en cours et mettre en place des dispositifs coercitifs à l’égard des propriétaires malveillants. La métropole prévoit l’embauche prochaine de 28 personnes dédiées à la mise en œuvre de la stratégie. Des assises doivent en outre être organisées au printemps 2019 pour alimenter le plan local de l’habitat d’Aix-Marseille-Provence.
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