Rester Campinois ou devenir Joinvillais ? A Polangis, les résidents ont tranché. Les citoyens viennentt de pencher massivement pour la seconde option. A 78,03 % -avec une participation de 55,2 %- les 654 habitants de ce quartier coupé en deux ont en effet choisi la réunification.
Une drôle de situation qui s’explique d’abord par l’urbanisme. Polangis s’est retrouvé coupé du centre de Champigny-sur-Marne par la quadruple barrière du parc du Tremblay, de l’A4, de la RD4 et de la Marne. Et s’est donc développé du côté de Joinville-le-Pont tout en restant officiellement sur le terrain campinois.
En 2013, une association de Campinois s’est lancée dans la bataille du rattachement à Joinville, au motif qu’écoles, services et équipements publics sont plus proches que ceux de Champigny dont ils dépendent administrativement. Les habitants en ont alors assez de redouter un refus de dérogation scolaire ou de payer le prix fort pour pratiquer une activité sportive ou culturelle près de chez eux.
Une pétition pour imposer l’enquête publique
Forte d’une pétition de 400 signatures, l’association a obtenu du tribunal administratif que le préfet organise une enquête publique, malgré le recours de Champigny qui refuse de perdre des habitants. En toile de fond : le titre de commune la plus peuplée du Val-de-Marne que la ville pourrait perdre au bénéfice de Saint-Maur.
Le commissaire enquêteur ayant relevé “177 observations favorables” au rattachement à Joinville-le-Pont, les électeur campinois de Polangis ont été invités à élire une commission de 15 membres -habitants et propriétaires- dimanche 27 mai, dans le cadre d’une procédure inédite en France, et au terme d’une campagne assez vive.
Ne pas opposer deux communes
Élue à une très forte majorité, la commission consultative doit maintenant émettre un avis que l’on imagine favorable au projet. Le préfet va également solliciter l’avis des deux conseils municipaux. Sans varier d’un iota, Christian Fautré (PCF), maire de Champigny, a confirmé que le vote se ferait “contre” le projet de rattachement.
En revanche, à Joinville, Olivier Dosne (LR) trouve que la demande “n’est pas illégitime” et qu’il faut “respecter l’ambition de l’association.” Il y a répondu favorablement lors de l’enquête publique, estimant que ce quartier “est déjà intégré à Joinville.” Pour autant, il ne “souhaite pas opposer deux communes, car il y a des projets transversaux sur lesquels nous devrons continuer à travailler ensemble.”
Pas question de créer un précédent
L’avis du conseil départemental sera également requis dans un délai de 6 semaines. Le résultat n’a pas modifié la position du président Christian Favier (PCF) qui refuse de “créer un précédent qui poserait beaucoup de problèmes au Conseil d’État, car il y a des dizaines de cas similaires de France”, selon lui.
D’autant qu’à ces yeux, ce scrutin est “une procédure tronquée. Un quartier appartient à une ville, il aurait fallu faire voter tous les habitants de Champigny, pour savoir s’ils étaient d’accord pour perdre ce quartier, et tous ceux de Joinville pour savoir s’ils étaient prêts à accueillir ces nouveaux habitants. Là, ça n’a pas beaucoup de sens dans le fond !”
De la patience
Le préfet du Val-de-Marne motivera, lui, son avis, avant de transmettre Place Beauvau l’ensemble des positions exprimées, y compris les résultats de l’enquête publique. Le ministère de l’Intérieur proposera ensuite un décret, qui devra être publié par le Conseil d’Etat en cas de modification des frontières cantonales.
Cela sera le cas si le souhait des Campinois de Polangis est retenu puisque Champigny appartient au canton de Champigny et Joinville à celui de Joinville-Saint-Maurice. Il s’agit aussi de deux circonscriptions différentes.
Reste qu’à sept mois de la date limite permettant une modification des périmètres communaux à un an des municipales, la hâte n’est peut-être pas à l’agenda. La procédure pourrait prendre un an et Polangis conserverait alors des Joinvillais et des Campinois jusqu’en 2020.
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