La Gazette : Comment s’est déroulée sortie du Syndicat des eaux d’Ile-de-France (Sedif) ?
Gabriel Amard : Les villes de Viry-Châtillon et de Grigny ont transféré, au 1er janvier 2010, la compétence eau à la communauté d’agglomération des Lacs de l’Essonne, qu’elles ont créée en 2004. Dans un arrêté du 16 mars 2010, le préfet de l’Essonne a pris acte de ce transfert et jugé qu’il valait retrait du Sedif pour Viry-Châtillon, adhérente depuis 1931 – Grigny n’en est pas membre, mais liée à Suez par un contrat qui court jusqu’en 2018.
La création de la régie a été votée le 1er juillet 2010, après une votation populaire où ce mode de gestion a recueilli où 96 % des suffrages. Cette opération, la première du genre en France, a été organisée non dans le sens d’un plébiscite mais pour que les gens s’emparent du sujet. Les 5 000 votants sont aujourd’hui des gens qui savent de quoi ils parlent.
Quelles innovations apportera la régie qui entrera en service au 1er janvier 2011 ?
La structure, qui desservira quelque 5.000 abonnés sur Viry-Châtillon, livrera le mètre cube d’eau à 2,9 euros. Soit un euro de moins que le Sedif et un gain annuel de 1,6 million d’euros. Deux litres et demi par jour et par personne, correspondant au minimum vital pour la boisson, seront distribués gratuitement. Quarante mètres cubes par an seront fournis à prix coûtant. Au-delà, les tarifs augmenteront progressivement : c’est l’inverse de la logique de dégressivité, qui a prévalu jusqu’à la loi sur l’eau de 2006 et où, plus on consommait, moins le mètre cube était coûteux. Nous engagerons un diagnostic du réseau, qui perd 400.000 mètres cubes par an (soit 17 % de fuites), puis un programme d’investissement en vue d’assurer son renouvellement sur un siècle. A Viry-Châtillon, le délégataire du Sedif rénovait chaque année 0,42 % du linéaire. A ce rythme, le réseau aurait été renouvelé en 250 ans.
Sur quelles ressources – humaines et naturelles – la régie s’appuiera-t-elle ?
L’établissement public, qui desservira environ 5 000 abonnés, comptera six salariés. Première recrue : le directeur, issu du conseil général de la Haute-Marne et qui a longtemps travaillé pour celui de la Nièvre, qui appuie de longue date les régies communales. Nous lançons avec lui le recrutement de cinq personnes : un responsable d’exploitation, deux techniciens et deux administratifs. La structure n’est pas tenue de reprendre les salariés du délégataire, puisqu’il ne s’agit pas d’une fin de contrat mais d’une sortie du syndicat qui en est signataire. Mais ce serait un bonheur que d’accueillir les employés qui travaillaient pour Veolia à Viry-Châtillon.
L’eau sera dans un premier temps achetée à Suez, qui dispose d’une usine à Viry-Châtillon. Après quinze mois de travaux de connexion à l’aqueduc d’Eau de Paris, c’est la régie de la capitale qui nous approvisionnera, à compter de 2012. Au coût de 20 centimes d’euros le mètre cube contre 22 centimes pour Suez. A plus long terme, nous comptons également puiser l’eau dans le puits artésien et la potabiliser.
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