Le président de l’Association des régions de France Philippe Richert (LR) n’a pas pu résister. Lors de sa première entrevue avec le nouveau ministre de l’Aménagement du Territoire, de la Ruralité et des Collectivités Territoriales, Jean-Michel Baylet il s’est fait un plaisir de rappeler « le caractère totalement irréaliste des économies qui avaient été affichées par le gouvernement au moment du lancement de ce processus de fusion en 2014 ». Une pierre dans le jardin d’André Vallini, alors secrétaire d’Etat à la Réforme territoriale.
Dans un entretien au Figaro, le 8 mai 2014, le représentant du Gouvernement sur ce dossier – devenu depuis secrétaire d’Etat au Développement et à la francophonie – s’était particulièrement avancé. « Le budget des collectivités locales représente au total 250 milliards d’euros. Les meilleurs spécialistes pensent qu’en tablant sur des économies d’échelle et des suppressions de doublons qui pourraient à terme représenter de 5 % à 10 % on arrive à un gain annuel de 12 à 25 milliards d’euros à moyen terme. Ce qui est beaucoup. Sans parler des gains de temps et d’efficacité qui sont difficilement quantifiables mais sans doute très importants », avait lâché André Vallini au surlendemain d’une fameuse intervention présidentielle sur BFM TV. « Les départements ont vécu », avait considéré François Hollande le 6 mai 2014.
Au doigt mouillé
Un petit mois plus tard, André Vallini s’était montré un peu plus prudent. A l’issue d’un conseil des ministres marquant, le 3 juin 2014, le coup d’envoi de la fusion des régions et d’une cure d’amaigrissement des départements, il évoquait des économies de l’ordre de « 10 milliards ».
Un chiffre qui reste aussi à démontrer. Si la suppression massive de syndicats intercommunaux représentant au total 18 milliards d’euros a bien été, un temps, souhaité, la principale mesure de la réforme territoriale reste la fusion des régions. Or, il s’agit des collectivités les moins dépensières. Les régions pèsent en effet moins de 30 milliards d’euros, là où les départements affichent des budgets plus de deux fois supérieurs. Quant aux communes et à leurs intercommunalités, leurs comptes se révèlent plus de quatre fois plus élevés que ceux des régions.
Comme le rappelait La Gazette dès le 9 mai 2014, il existe, en sus, peu de leviers d’économie de personnel au sein de cet échelon. Les effectifs des régions culminent à 80 000. Là même où le bloc communal regroupe près d’1,5 million d’agents ! Et parmi les fonctionnaires des régions, plus de la moitié (52 000 au total) sont des personnels techniques, ouvriers et de service (TOS) œuvrant dans les lycées. Des agents sur lesquels les fusions de région ont peu d’impact. Leur activité et leur implantation restent rigoureusement les mêmes.
Pour le politologue et DGS de de Quimper, Jean-Luc Bœuf, la messe est dite : les fusions de région ne généreront pas d’économie. Bien au contraire ! « L’agrandissement des hémicycles, l’harmonisation des multiples schémas caractérisée notamment par le recours à des cabinets de consulting, la multiplication des implantations des services, les déplacements nombreux que cela engendrera et l’inévitable alignement par le haut du statut des personnels entraîneront un surcoût d’environ 3 % du budget actuel des régions, soit 1 milliard d’euros », évalue-t-il.
Thèmes abordés