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Interview

Jean-Luc Bœuf : « Le père des régions, c’est Pétain »

Publié le 30/11/2015 • Par Jean-Baptiste Forray • dans : A la une, France

Depuis une grosse vingtaine d’années, il œuvre auprès d’élus de gauche comme de droite. Ville, intercommunalité, département et région : Jean-Luc Bœuf a été directeur général des services à tous ces échelons. Autant dire que l’actuel DGS de Quimper et de Quimper communauté connaît le millefeuille territorial comme sa poche.

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Jean luc Boeuf dgs Mairie de Quimper

 

Ce touche-à-tout enseigne à l’IEP de Paris. C’est sous sa casquette de politologue qu’il vient de publier « Un seul lit pour deux rêves, la France et ses régions » (Primset éditions). Sur le mode de la série historique, « Ces trente journées qui ont fait la France », Jean-Luc Bœuf y décline la saga de la décentralisation en 150 dates.

Lire aussi : 30 ans de décentralisation en 1 infographie

Le panorama débute avec le programme de Nancy de 1865. « Ce qui est national à l’Etat, ce qui est régional à la région, ce qui est communal à la commune », scandent, alors, dix-neuf intellectuels et notables lorrains. Le tableau s’achève par la réforme territoriale.

Expert associé à l’institut Montaigne, think tank libéral fondé par Claude Bébéar, Jean-Luc Bœuf juge les desseins du gouvernement inachevés. « La plus grosse métropole, celle du Grand Paris, n’aura pas les compétences d’une communauté de communes de moins de 10 000 habitants », peste ce partisan de la transformation des départements en fédérations d’intercommunalités.

Jean-Luc Bœuf se montre aussi fort sceptique sur les économies que devraient générer les 13 nouvelles régions. A la veille du scrutin des 6 et 13 décembre, il considère que les futurs exécutifs, FN ou autres, disposeront de très peu de marges de manœuvre. Pour le DGS de Quimper, le mot d’ordre de Michel Rocard en 1966, « Décoloniser la province », reste d’actualité.

D’où vient l’idée régionale ?

Ses origines sont multiples. Avec son roman, « Les Déracinés » de 1897, Maurice Barrès développe l’idée que la race et les racines, la Lorraine en l’espèce, fixent l’essence des individus. Un an plus tard, Charles Maurras publie « L’Idée de la décentralisation ». « Qui voudra organiser notre Nation en devra recréer les premiers éléments communaux et provinciaux. Qui veut réaliser le programme nationaliste doit commencer par une ébauche de fédération », écrit-il. Mais rien n’est simple. Le futur dirigeant de la revue « L’Action française » se réclame de Proudhon, classé très à gauche. Et l’une des premières tentatives de décentralisation, c’est la Commune de Paris de 1871.
Juste après la Grande Guerre, c’est le président du conseil Georges Clemenceau qui prône « l’organisation du régime de liberté régionale ». Les provinces « doivent », dans le discours du président du conseil du 4 novembre 1919, à Strasbourg, « revenir à la vie d’une expansion d’indépendance ».

Mais sur le strict plan opérationnel, le père des régions, c’est Philippe Pétain. C’est le premier homme politique à mettre en place un découpage régional qui correspond peu ou prou aux 21 des 22 régions actuelles dessinées en 1955 sous l’égide du président du conseil Edgar Faure. Il s’agit à la fois, pour le régime de Vichy, de promouvoir la renaissance des provinces françaises supprimées en 1789 et de rationaliser l’action de l’Etat, selon les plans de technocrates alors très influents.

L’Etat s’est-il toujours méfié des régions ?

Il n’a jamais voulu qu’elles prennent leur envol. Dès le XVIIè siècle, Louis XIV passe une alliance avec les villes contre les assemblées provinciales. On retrouve aussi trace de cela dans la multitude de communes dénommées « Villefranche » depuis le Moyen-Age. En 1789, la création des départements obéit également à un impératif très clair. « Quatre-vingt petits roquets, plutôt que quinze gros chiens-loups », veulent les révolutionnaires. Même avec la transformation des régions en collectivités de plein exercice, après les lois de 1982, l’Etat continue de garder la bride serrée… Les contrats de plan en constituent l’exemple le plus probant. Les régions sont là pour financer les compétences de l’Etat qui, en euros courant, investit quatre fois moins qu’en 1980.

Que change la réforme territoriale ?

L’ensemble des budgets des régions se situe aux alentours de 30 milliards, soit deux fois moins que le seul « land » de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, en Allemagne. L’Espagne et l’Italie sont aussi allées beaucoup plus vite et beaucoup plus fort que nous. Avec la loi « Notre » de 2015, les régions bénéficient de moins de transferts de compétences et de budgets qu’au moment de la loi « Raffarin » de 2004. Les présidents des grands ensembles risquent de recréer entre les territoires ce que l’on critique dans les institutions européennes, écartelées entre Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg. L’agrandissement des hémicycles, l’harmonisation des multiples schémas caractérisée notamment par le recours à des cabinets de consulting, la multiplication des implantations des services, les déplacements nombreux, que cela engendrera et l’inévitable alignement par le haut du statut des personnels entraîneront un surcoût d’environ 3 % du budget actuel des régions, soit 1 milliard.

Que changerait l’arrivée du FN à la tête d’une région ?

Le choc politique serait indéniable et l’exposition maximale, mais le risque politique d’une région totalement atypique, proche de zéro. Car 95 % à 97 % des dépenses (trains express régionaux, lycées, formation professionnelle…) du conseil régional sont contraintes. Sur les milliers de décisions que prend chaque année une région, seule une dizaine d’entre elles relève véritablement de la seule initiative politique de l’exécutif.
Si le Front National présidait le nouvel ensemble formé du Nord – Pas-de-Calais et de la Picardie, des polémiques et levers de boucliers pourraient naître sur des sujets à fort symbole mais qui budgétairement, pèsent peu. Je pense au soutien aux associations qui viennent en aide aux migrants de Calais. De même, des associations culturelles, dans le domaine du rap, par exemple, pourraient se voir barguigner leur subvention… Cependant, le conseil régional ne pourra, à lui seul, interdire les plats de substitution au porc dans les lycées. Il n’est, en effet, pas le seul à décider dans les conseils d’administration des lycées, qui sont juridiquement des établissements publics locaux d’enseignement.

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