«Il y a 30 ans, on pouvait compter sur les doigts de la main les institutions actives dans l’art contemporain en région, souligne Bernard de Montferrand, président du FRAC d’Aquitaine et président de l’association Platform, qui regroupe les FRAC. Aujourd’hui, les 23 FRAC sont un élément incontournable des arts plastiques en France, il faut donc poursuivre leurs actions. En outre, ils ont rôle de moteur dans la décentralisation culturelle».
Mais, compte tenu des réformes en cours, les FRAC n’ont, à ce stade, guère de visibilité sur leur avenir. Leurs directeurs redoutent les turbulences provoquées par les effets conjugués du nouveau découpage des régions, de la loi NOTRe et du projet de loi sur la liberté de création, l’architecture et le patrimoine (projet de loi « CAP »).
Lire : Le projet de loi « liberté de création, architecture et patrimoine » en 6 points clés
Leur crainte principale ? Que la constitution des grandes régions se solde, au final, par une recentralisation régionale, avec des FRAC qui, aujourd’hui structures légères de 6 à 20 personnes, deviendraient des grosses organisations. Avec, à la clef, un risque de déstabilisation. Le risque est d’autant plus réel le projet de loi « CAP » précise bien qu’il y a aura un Frac par région. « Il faut préserver leur implantation locale », défend Bernard de Montferrand. Les FRAC veulent en effet rester proches du public et des collectivités pour être « davantage à leur service ». Pour le président de Platform, il faudra trouver des « formules fédératives », permettant à ces structures de préserver leur indépendance et la souplesse de leur gestion.
L’autre préoccupation des responsables de FRAC est « la nécessité de se réinventer et de redynamiser encore plus nos réseaux », explique Bernard de Montferrand. Les FRAC ont en effet développé un tissu de relations avec d’autres équipements de leur territoire. « Cette réforme est l’occasion de repenser cette organisation et aussi de faire davantage exister les FRAC au niveau européen », souligne le président de Platform.
Les écoles d’art aussi
Pour les écoles d’art, l’inquiétude porte sur la diminution des ressources publiques, avec le spectre des fermetures d’établissement. « Nous redoutons que la réforme territoriale apparaisse comme un outil pour réduire le budget des écoles, favoriser leur fermeture ou encore leur transfert d’une collectivité à une autre, s’alarme Emmanuel Tibloux, président de l’Association nationale des écoles supérieures d’art (ANdÉA). Nos écoles ont, de plus, cette spécificité d’être sous la tutelle du ministère de la Culture tout en étant de plus en plus appréhendées dans le champ de l’enseignement supérieur. Or, pour le moment, nous n’avons pas une bonne lecture de la façon dont les régions s’impliquent dans ce secteur. » L’enjeu est donc de stabiliser la carte des écoles. « Notre moyen d’action est de travailler avec l’Etat et l’AMGVF pour sensibiliser les élus à la valeur ajoutée qu’offre la présence d’une école d’art», précise Emmanuel Tibloux. Autant de questions qui seront soulevées lors des Assises nationales des écoles supérieures d’Art prévues les 29 et 30 octobre 2015, à Lyon.
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés