Dans un rapport intitulé « Génération radicale » portant sur la prévention de la radicalisation et du djihadisme, remis au Premier ministre, Manuel Valls, le 2 juillet dernier, le député de l’Essonne, Malek Boutih (PS), dresse le portrait de la jeunesse djihadiste française.
Il constate que le dispositif de prévention de la radicalisation à l’œuvre depuis 2014 est efficace pour détecter et prendre en charge les individus qui basculent, mais n’est pas conçu pour empêcher les jeunes de basculer. En revanche, il considère que face au défi posé par la radicalisation et le djihadisme, il est nécessaire d’adopter un plan de reconquête républicaine.
Diversification des profils
Sur la base d’entretiens avec des acteurs publics et associatifs, experts, journalistes et universitaires, Malek Boutih détaille le profil des jeunes djihadistes. Certes, il s’agit d’individus fragiles et marginalisés. En revanche, cette approche n’est qu’une partie de la réalité, souligne-t-il. « Les recruteurs ciblent des proies au profil plus stable et moins détectable et on peut penser que ce phénomène va s’amplifier », précise le rapport.
Autre caractéristique : le phénomène se répand dans toutes les catégories de la jeunesse, dans toutes les régions françaises, et ne peut se réduire à la dimension religieuse. Enfin, le député considère aussi que l’on ne peut pas ignorer le basculement de certains jeunes par une adhésion à un projet politique – celui proposé par Daech – et à un projet de vie. Il y aurait « un facteur positif, volontaire, dans l’engagement des jeunes dans le djihad », explique le rapport.
Des réponses structurelles
Dans ce contexte, Malek Boutih propose qu’une action durable soit engagée face au radicalisme islamiste qui, selon lui, est nettement « aujourd’hui le plus dangereux, du point de vue de son emprise et des failles qu’il creuse au sein de notre société ». Pour prévenir la radicalisation – près de 65 % des individus impliqués dans les filières djihadistes ont moins de 25 ans –, le député propose des réponses structurelles et préconise de « s’attaquer aux enjeux de cohésion sociale et surtout redonner corps au pacte républicain ».
Les propositions du parlementaire s’inscrivent ainsi dans une logique de reconquête de la République à long terme. Elles concernent l’éducation et l’intégration et le renforcement de la cohésion nationale. Une série de mesures a pour objectif de faire vivre la promesse républicaine de permettre à chacun de bâtir son projet de vie.
Enfin, le député propose des actions à « forte valeur symbolique » : solenniser les cérémonies d’accueil dans la nationalité, soutenir les médias de proximité, oui encore gagner la bataille des idées sur Internet. Pour mettre en œuvre ce plan de grande ampleur, le député souhaite la constitution d’un Établissement public national, placé sous l’autorité directe du Premier Ministre, doté d’antennes locales et ouvert aux forces sociales et culturelles.
[Lire le rapport « Génération radicale » de Malek Boutih, juin 2015]