A Megève, les tout-petits de la crèche savent dire la faim, le besoin d’être changé ou l’interdit… avec les mains ! Depuis la rentrée 2014, les quinze agents, éducatrices de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture ou stagiaires en CAP Petite enfance, utilisent le langage des signes pour les bébés, « une version simplifiée de la langue des signes utilisée par les sourds », explique Catherine Valençot, qui dirige la structure. En effet, les tout-petits sont très tôt capables de reproduire un geste simple associé à un mot : bonjour, merci, manger, chaud, pas d’accord, mamie… « On commence vers 4-5 mois, explique Laurie Salvucci, en CAP Petite enfance. On signe sur des chansons, des comptines ».
Et ça marche. « Les enfants arrivent vraiment à dire leurs besoins. Ils peuvent demander à être changés, par exemple, alors qu’avant, ils restaient dans une couche mouillée et inconfortable, précise Catherine Valençot. Or un petit qui se trouve dans l’incapacité de se faire comprendre est frustré et se met en colère ». Pour les professionnelles de la crèche, le signe a plus d’impact que le mot, même si les deux sont systématiquement associés. « Pour signer, on se met à la hauteur de l’enfant, explique Laurie Salvucci, on pose notre voix, tout le monde se recentre sur la communication ». Un dispositif qui permet à l’enfant de canaliser ses émotions en les exprimant sur un autre registre que l’agressivité.
Retour positif
Les familles apprécient. « Il a fallu un peu rassurer, se souvient la directrice : le langage des signes ne crée pas de retard de langage, bien au contraire, on parle encore plus à l’enfant. Et très souvent, les premiers mots parlés sont les mots signés ». Pour que les familles puissent s’associer à cette démarche à la maison, les signes réalisés par les professionnelles ont été photographiés et mis à disposition dans un classeur, sur les panneaux d’affichage de la crèche et sur le site de la mairie. Chaque semaine, quatre nouveaux signes apparaissent. Une vingtaine d’heures de travail ont été nécessaires pour réaliser ces photos mais les parents suivent.
Au final, un bilan plus que positif pour un investissement raisonnable de 1800 € TTC pour une journée de formation dispensée à 20 personnes : « Cela nous a permis de nous recentrer sur les enfants, mais aussi de resserrer les liens avec leur famille tout en créant une dynamique d’équipe » résume Catherine Valençot.