Le premier magistrat (UDI) de Sceaux Philippe Laurent ne décolère pas contre son voisin d’Antony, le président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian (UMP). En cause : la gouvernance de la métropole du Grand Paris (MGP) qui verra le jour au 1er janvier 2016.
Patrick Devedjian, coprésident de la mission de préfiguration du futur groupement urbain , veut réduire le nombre d’élus. Aujourd’hui, la barre est fixée à 348, sur la base d’un ensemble intégrant 124 communes et près de 7 millions d’habitants. Patrick Devedjian voit, là, « une machine à impopularité » et « à dépenser de l’argent ».
« Immense danger »
« C’est un point de vue de grand élu. Les conseillers métropolitains ne percevront pas d’indemnité », fulmine Philippe Laurent. Et le numéro 3 de l’Association des maires de France d’affiner son argumentaire : « Une diminution trop importante entraînerait ipso facto, pour certaines communes et notamment les moins importantes, une absence de représentation au conseil de métropole et, par voie de conséquence, au sein des conseils territoriaux, où se joueront les principaux enjeux. » Philippe Laurent pointe un « immense danger » qui « ruinerait le fondement même de l’intercommunalité en France ».
Une analyse que ne partage pas le premier vice-président de Paris Métropole, Daniel Guiraud (PS) : « Nous pouvons réduire le nombre d’élus par deux, en maintenant un siège pour chaque maire et chaque maire d’arrondissement de Paris, tout en en donnant davantage de poids aux communes les plus peuplées. » Et le premier magistrat des Lilas (Seine-Saint-Denis) d’évoquer la matrice des « tantièmes » applicable aux conseils syndicaux de copropriété. Un tel mécanisme n’a jamais été mis en place dans les collectivités. Pas sûr, donc, qu’il soit dans les clous de la Constitution et du principe d’égalité. Une certitude, cependant, selon Daniel Guiraud : ce dispositif ne remettrait pas en cause le rapport de force favorable à la droite au sein de la le métropole du Grand Paris.
En attendant, Philippe Laurent continue de prôner le statu quo. Pour lui, les 348 conseillers de la MGP sont « cohérents » avec les 165 membres de la métropole de Lyon et les 237 de la métropole d’Aix-Marseille-Provence.
« Pouvoir absolu »
La gouvernance du Grand Paris doit être abordée à l’occasion de l’examen, en deuxième lecture, du projet de loi portant Nouvelle organisation territoriale de la République qui débutera au Sénat le 26 mai. Dans son discours, le 14 avril, devant les maires d’Ile-de-France, Manuel Valls a souhaité « revoir la composition du conseil métropolitain ». Une direction qui fait plutôt consensus, au grand dam de Philippe Laurent.
« Le discours accusateur sur le nombre d’élus de la métropole équivalent à celui du Sénat a bien fonctionné, se désole le maire de Sceaux. Reste aux grands élus à cueillir le pouvoir absolu dans la MGP et à faire de la grande politique… en oubliant l’aménagement urbain, le logement et les transports. »
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