Des préavis de grève d’une à plusieurs heures avaient été déposés dans une quinzaine de villes à l’appel d’une intersyndicale CGT-FO-CFTC-CFE/CGC-FNCR.
« DSP ou régie, ce sont toujours les mêmes accords de branche »
Contacté le 11 mars par la Gazette des Communes, Bruno Gazeau, directeur général de l’Union des transports publics et ferroviaire (UTP), syndicat professionnel qui fédère 161 entreprises et 6 entreprises de transport ferroviaire estime que le mouvement n’a pas été très suivi hormis à Dijon et Besançon ; la mobilisation a été assez faible.
Selon Bruno Gazeau, que le réseau de transport soit géré par une entreprise en DSP ou en régie par la municipalité ne change pas grand-chose, les contrats sont soumis aux même accords de branche. Il rappelle par ailleurs que 11% des collectivités gèrent leurs services de transport en régie
Dogmatisme
Benoît Juery, chargé du pôle social urbain à l’UTP, qualifie ce mouvement de grève de dogmatique car partant du principe que les salariés sont plus maltraités dans les entreprises qu’en régie. Selon lui, ce mouvement a vocation à interpeller les autorités organisatrices, l’opinion et le gouvernement.
Sur ce point, précisément, le Groupement des autorités responsables des transports (Gart), contacté par la Gazette, n’a pas souhaité se prononcer, en raison de la campagne électorale et compte tenu du côté polémique de la question. Le Gart ne veut pas s’ingérer dans les relations entre les exploitants et leurs salariés.
Gestion directe en régie, comme à Marseille, Toulouse ou la Rochelle
Nous dénonçons l’absence de volet social dans les appels d’offres, ce qui aboutit à abandonner les accords d’entreprise négociés pendant des années, voire des dizaines d’années, comme à Lyon, a expliqué Richard Jaubert, responsable fédéral à la CGT Transports. Nous demanderons au ministère un décret d’application pour que ce volet social soit inclus, comme cela est prévu dans la loi d’août 2007, a-t-il déclaré.
Nous appelons aussi les élus à ne pas se défausser sur des entreprises privées pour la gestion des transports urbains et à opter pour une gestion directe en régie, comme c’est de nouveau le cas à Marseille, ainsi qu’à Toulouse ou à La Rochelle, a détaillé Richard Jaubert.
Concernant le suivi de la grève, à la mi-journée du 11 mars :
- à Lyon, le métro fonctionnait normalement, mais devait s’arrêter à 20h30, plus tôt que d’habitude. Le trafic des bus était assuré à 75% et celui des tramways à 93%.
- A Dijon, le mouvement a été très suivi (90% selon la CGT et la direction) et seules quelques lignes de bus ont été assurées sur les 26 du réseau. La grève pourrait être reconduite le 12 mars dans cette ville, où Keolis est en charge des transports urbains.
- A Rouen, le trafic a été réduit de moitié, selon la direction, avec 19 rames du tramway sur 24 en service et 89 bus sur 186.
- A Bordeaux, un tramway circulait toutes les six minutes aux heures de pointe (contre trois minutes en temps normal), sur les trois lignes, a indiqué Keolis, la société gestionnaire. Sur le réseau de bus, le trafic des les lignes à forte fréquence était normal, mais les lignes secondaires ont été affectées.
- A Lille, le tramway circulait jeudi matin « à la fréquence d’un dimanche », à raison d’une rame toutes les 12 minutes sur le tronçon commun aux deux lignes. Le trafic des bus était moins affecté avec trois bus sur quatre en moyenne à Lille-centre. Quelques lignes étaient toutefois très perturbées à Roubaix et Villeneuve d’Ascq avec deux bus sur dix. A Lille, les conducteurs grévistes sont mobilisés dans la perspective d’un transfert de la gestion des transports de l’agglomération au secteur privé, pour laquelle Keolis et Véolia sont en lice.
- A Rennes, 45% des conducteurs étaient en grève selon Keolis et entre 30 et 60% du trafic était assuré dans les tranches horaires visées par le mouvement.
- Aucune perturbation en revanche n’a été signalée à Reims, Troyes, Amiens, Quimper ou Brest.
- A Paris, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées place de l’Opéra en fin de matinée et une délégation devait être reçue dans l’après-midi au ministère des Transports.
Thèmes abordés